Depuis le début de la crise syrienne, en 2011, les femmes subissent de nombreuses violations. Pourtant, elles ne renoncent pas à se battre pour leurs droits.
Le conflit a huit ans. Huit ans où les les femmes ont énormément souffert aux mains des autorités syriennes et d’autres parties au conflit, subissant détentions arbitraires, disparitions forcées, enlèvements et violences liées au genre.
Nous avons organisé des entretiens avec des militantes qui ont fui le conflit en Syrie et cherché la sécurité. Ces femmes ont expliqué à nos chercheurs qu’elles ont été arrêtées de manière arbitraire, enlevées et détenues dans des conditions déplorables avec un accès très limité aux services de base.
Elles ont aussi dit qu’elles ont été rejetées par leur famille après leur libération, et qu’elles ont été harcelées et ont reçu des menaces de mort en raison de leur engagement humanitaire et politique, et aussi pour avoir tenté de savoir ce qu’il était arrivé à leurs proches victimes d’une disparition forcée ou d’un enlèvement. Elles se sont dites préoccupées par leur sous-représentation dans les processus décisionnels concernant l’avenir de la Syrie.
Des violations depuis 2011
Depuis 2011, nous rassemblons des informations sur les violations commises contre des femmes par le gouvernement syrien et par les groupes armés d’opposition.
Nous avons ainsi établi que des femmes arrêtées par les autorités syriennes ont été soumises à leur arrivée dans les centres de détention à des contrôles de sécurité invasifs constituant un viol. Des détenues ont signalé avoir été témoins ou victimes de harcèlement sexuel ou d’agressions sexuelles de la part de gardiens. Des femmes ont aussi été détenues avec des hommes et surveillées par des hommes. Certaines ont également été privées du traitement médical dont elles avaient besoin pour des maladies chroniques.
Nous avons aussi rassemblé des informations sur des violations du droit international humanitaire perpétrées à Idlib et à Alep par des groupes armés qui ont enlevé des femmes pour les forcer à travailler dans des cuisines, dans des centres de détention informels gérés par des groupes armés. Des femmes ont aussi été soumises à des châtiments corporels, comme la lapidation et la flagellation, notamment parce qu’on leur reprochait d’avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage.
Construire l’avenir
Il ne faut pas oublier que ces femmes jouent un rôle crucial en tant que membres actifs de la société syrienne en militant, en manifestant pacifiquement, en organisant l’aide humanitaire et en créant des organisations et des centres communautaires.
Les femmes ont énormément souffert durant toutes ces années, mais elles n’ont pas renoncé et sont au contraire devenues de courageuses héroïnes de chaque jour. Ce sont des militantes politiques et elles signalent les abus commis par les détenteurs du pouvoir. Beaucoup de ces femmes assurent seules la subsistance de leur famille.
Il est temps que les femmes syriennes participent aux discussions sur le passé et l’avenir du pays, aux niveaux local, régional et international. Il est essentiel qu’elles participent au processus politique afin de garantir l’égalité des genres et le respect des droits humains pour tous.
La communauté internationale – en particulier l’Iran, la Turquie et la Russie – doit faire pression sur le gouvernement syrien et les groupes armés d’opposition pour qu’ils mettent fin aux violences sexuelles, aux autres violences liées au genre et à la discrimination. Il faut également que les femmes soient consultées et représentées de manière effective dans les pourparlers de paix, les négociations, la rédaction de la constitution et les autres processus liés à la construction de la paix.
Manifestation de solidarité avec le peuple Syrien
Le dimanche 18 mars, Amnesty International France participera à la manifestation de solidarité avec le peuple syrien qui aura lieu à Paris.