En 2017, l’armée birmane menait une campagne meurtrière contre des centaines de villages rohingyas dans le nord de l’État d'Arakan à l’Ouest du pays. Selon les estimations de l’ONU, elle a tué au moins 10 000 femmes, hommes et enfants rohingyas et a contraint plus de 740 000 personnes issues de la minorité à fuir au Bangladesh voisin, où elles vivent toujours.
Trois ans plus tard, les Rohingyas restés au Myanmar continuent d’être privés de leurs droits et vivent sous un régime d’apartheid insupportable.
Protéger les Rohingyas. Tel était pourtant le mot d’ordre lancé cette année par la Cour internationale de justice des Nations unies à l’attention du Myanmar. Mais trois ans après les atrocités commises par les forces armées du Myanmar, la minorité musulmane rohingya présente dans le pays vit toujours en état de siège.
Voir aussi : Qui sont les Rohingyas ?
Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants se retrouvent pris au milieu des tirs croisés et des batailles meurtrières qui opposent l’armée du Myanmar et l’Armée d’Arakan, un groupe armé de l’ethnie rakhine. Le régime d’apartheid régit toujours tous les aspects de la vie des Rohingyas. Et alors qu'ils souffrent déjà depuis des années d’un accès scandaleusement inégalitaire aux services médicaux, les Rohingyas sont aujourd’hui directement menacés par la pandémie de Covid-19.
Le Myanmar s’approprie les terres rohingyas
Mais ce n’est pas tout. De récentes images ainsi que des témoignages que nous avons analysés, soulèvent un autre point d’inquiétude majeur : l’État du Myanmar s'est approprié impunément des terres leur appartenant pour y construire de nouveaux bâtiments, et notamment des structures administratives. Les Rohingyas sont la cible de racket et d’incendies volontaires.
Lire notre dossier : Le sort des Rohingyas au Myanmar
Il a fallu du temps pour que ces informations réussissent à sortir hors de l'État d’Arakan, Internet ayant été bloqué pendant plus de 12 mois dans de nombreuses municipalités de la région (et il reste encore aujourd’hui lent ou inutilisable la plupart du temps). Mais les preuves sont là : en trois ans à peine, le paysage de l’État d’Arakan a été considérablement transformé.
À quoi ressemblera-t-il dans trois ans ? Nous craignons qu’il soit méconnaissable pour les réfugiés rohingyas qui y ont vécu et espèrent rentrer chez eux.
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