Les enfants qui naissent en présentant des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux normes relatives au « masculin » et au « féminin » risquent d'être soumis à une série d'interventions médicales injustifiées, invasives et traumatisantes.
Le terme d’enfants intersexués désigne les enfants qui, à la naissance ou durant leur enfance, présentent des variations de leurs caractéristiques sexuelles (chromosomes, appareil génital ou organes de reproduction). Ni féminin ni masculin, « hors normes », ils doivent, aux yeux des experts de la santé, être « réparés » pour correspondre aux normes de la société.
Des interventions douloureuses et traumatisantes
Ces interventions dites réparatrices sont extrêmement douloureuses et traumatisantes car elles touchent à des tissus sensibles et ont des conséquences à vie sur les personnes.
La question est de savoir dans l’intérêt de qui ces intervention sont pratiquées, car nos recherches montrent que c’est une expérience très éprouvante pour les personnes concernées.
Laura Carter, chercheuse sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre à AI
Réalisés sans l’accord de l’enfant car elles sont pratiquées le plus souvent avant ses 10 ans, elles sont irréversibles. Pourtant, en dehors de cas spécifiques où la santé de l’enfant est en danger, ces interventions lourdes et invasives ne présentent de caractère d’urgence ni de justification thérapeutique. En outre, peu de recherche médicale existe sur le sujet. Les parents qui donnent leur accord pour les opérations ne disposent pas d’informations suffisantes sur leurs effets néfastes.
Un traumatisme physique et mental
Nombre des personnes interrogées au sujet de leur expérience ou celle de leurs enfants ont évoqué le traumatisme physique et mental qu'elles ont enduré, au moment de l'opération comme au fil de leur vie.
J'ai commencé à être opéré avant d'avoir un an. J'ai subi au moins cinq opérations avant l'âge de 18 ans. J'étais sous anesthésie mais ils ne m’ont pas posé de cathéter, et si je voulais uriner, cela brûlait affreusement. Puis, entre 2004 et 2006, j'ai été opéré quatre fois. On m'a dit que les interventions chirurgicales que j'ai subies lorsque j'étais un petit enfant furent inutiles.
D . en Allemagne
Les droits des enfants en jeu
L'approche actuelle à l'égard des enfants intersexués au Danemark et en Allemagne ne protège pas les droits des enfants, notamment le droit à la vie privée et le droit de jouir du meilleur état de santé possible.
En outre, des experts des Nations unies ont condamné explicitement ces pratiques. Ils ont à plusieurs reprises classé les interventions chirurgicales non justifiées d'un point de vue médical sur les enfants intersexués dans les pratiques néfastes qui bafouent les droits de l'enfant.
Les autorités danoises et allemandes manquent à leur devoir de protection envers ces enfants. Étant donné le manque de recherches et de connaissances médicales dans ce domaine, des décisions irréversibles qui changent une vie ne devraient pas être prises lorsque l'enfant est trop jeune pour avoir son mot à dire sur ce qu'on lui fait .
Les législateurs et les professionnels de santé en Allemagne et au Danemark doivent garantir qu'aucun enfant ne soit soumis à un traitement invasif et irréversible, qui n'a pas de caractère urgent. Parallèlement, le processus de décision doit être différé jusqu'à ce que la personne concernée soit en mesure de participer de manière significative pour déterminer ce qui est fait à son corps.