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La mosquée Rabaa al-Adawiya brûlée après l'intervention des forces de sécurité pour disperser les manifestants pro Morsi © Amnesty International
Justice internationale et impunité

Égypte : impunité après le massacre de Rabaa

Les autorités égyptiennes n’ont encore amené personne à rendre des comptes pour le massacre d’au moins 900 personnes à Rabaa au Caire par les forces de sécurité. Le pays continue de s’enliser dans une crise des droits humains sans précédent.

Le régime du président Abdel Fattah al Sissi est désireux d’effacer tout souvenir du massacre de l’été 2013, même si le spectre de cet événement continuera à planer sur son gouvernement.

Les manquements répétés des autorités égyptiennes à leur devoir de respecter les droits des manifestants et d’obliger les responsables à rendre des comptes pour des tueries, a contribué à un environnement dans lequel les forces de sécurité se sentent autorisées à violer les droits humains en toute impunité.

Un tournant dramatique

Le massacre de Rabaa a marqué un tournant pour les droits humains en Égypte. Au cours des cinq années écoulées, les atteintes aux droits fondamentaux commises par les forces de sécurité égyptiennes - comme la pratique des disparitions forcées et des exécutions extrajudiciaires - ont pris une ampleur jamais vue auparavant.

Le 7 juillet, la Chambre des représentants a dans un premier temps approuvé un projet de loi soumis par le gouvernement, accordant l’immunité et certains privilèges à de hauts gradés des forces armés choisis par le président al Sissi.

Ce texte recueillera probablement la majorité des deux tiers requise pour son adoption.

Il prévoit d’accorder aux membres des forces de sécurité une immunité de poursuites pour les actes commis dans l’exercice de leurs fonctions durant la période comprise entre la suspension de la Constitution, le 3 juillet 2013, et le 10 janvier 2016.

Ce nouveau texte illustre en outre à quel point les priorités du gouvernement al Sissi sont faussées.

Il semble que l'objectif soit d’entretenir un climat d’impunité et une attitude méprisante face au droit international, à la Constitution égyptienne et aux principes de base de la justice

Des procès-spectacle

Au lieu de chercher à rendre justice aux victimes du massacre, les autorités égyptiennes ont organisé le procès-spectacle collectif de 739 personnes, dont des journalistes et des photographes, qui avaient pris part aux manifestations ce jour-là.

Ces personnes ont été accusées d’avoir participé à des manifestations non autorisées, mais également d’autres infractions, notamment de meurtre, d’« incitation à enfreindre la loi », d’« appartenance à un groupe illégal », de « rassemblement illégal » et de participation à des actes de violence.

Non seulement l’accusation n’a pas fourni d’éléments établissant la responsabilité individuelle de chacun des 739 accusés, mais le tribunal n’a en outre pas insisté sur la nécessité d’établir cette responsabilité, rendant ainsi le jugement totalement inique.

Malgré cela, 75 accusés encourent désormais la peine de mort, notamment le prisonnier d'opinion Mahmoud Abu Zeid, alias Shawkan.

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