Après plus de six mois passés en détention préventive, Maikoul Zodi, Mounkaila Halidou et Moudi Moussa, trois membres de la société civile du Niger injustement détenus, ont été libérés. Nous exhortons cependant les autorités à abandonner toutes les charges contre eux et à cesser le harcèlement et les détentions arbitraires des voix critiques.
« Nous sommes heureux qu’ils puissent enfin retrouver leurs familles, proches et amis après plus de six mois passés en détention préventive, que nous estimons arbitraire », a déclaré Ousmane Diallo, notre chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à la suite de l’ordonnance de la libération le 29 septembre de Maikoul Zodi, Moudi Moussa et Mounkaila Halidou.
Moudi Moussa est journaliste et syndicaliste, Halidou Mounkaila est leader du syndicat d'enseignants SYNACEB et Maikoul Zodi est le coordinateur national du mouvement mondial Tournons La Page. Depuis plus de 6 mois, ces trois défenseurs des droits humains étaient emprisonnés au Niger pour avoir simplement participé à des manifestations pacifiques demandant l'ouverture d'une enquête sur les allégations de détournement de fonds par le ministère de la défense.
Ils ont été arrêtés entre le 15 et le 17 mars 2020, après la dispersion par les forces de sécurité des manifestations pacifiques contre la corruption dans la capitale Niamey. Deux jours avant la manifestation, les autorités avaient interdit tout rassemblement, à titre de mesure préventive contre la pandémie de Covid-19. Il y a eu des violences ayant fait au moins trois morts et plusieurs bâtiments endommagés.
Faire taire toutes les voix critiques
Suite à cette marche brutalement réprimée par les forces de l'ordre, Maikoul Zodi, Moudi Moussa et Mounkaila Halidou ont été injustement inculpés pour homicide involontaire, complicité dans la destruction de biens publics et incendies. Nous considérons leur détention comme arbitraire.
Ces trois défenseurs sont des prisonniers de conscience. Les charges retenues contre eux ont pour but de faire taire les membres de la société civile qui ont exigé des comptes suite aux allégations de corruption au sein du ministère de la Défense. Nous exhortons les autorités à abandonner toutes les charges contre eux.
Les autorités doivent respecter les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et cesser le harcèlement et les détentions arbitraires des voix critiques. La protection des libertés est fondamentale notamment à l’approche des élections générales et locales prévues en décembre. Nous appelons les autorités à garantir un espace civique ouvert et sans violence pour les activistes et défenseurs des droits humains.