En Égypte, Amal Fathy a été arrêtée le 11 mai pour avoir posté sur Facebook une vidéo dénonçant le harcèlement sexuel et critiquant le gouvernement égyptien pour son inaction ; elle a été maintenue en détention pendant 15 jours. Son mari, Mohamed Lotfy, 37 ans, chercheur sur les droits humains, témoigne.
En tant que chercheur sur les droits humains, j'ai interviewé de nombreuses personnes qui ont été jetées en prison, ainsi que des proches de ces personnes. Chacune de ces interviews m'a déchiré le cœur, mais je n'ai jamais totalement compris la douleur de ces personnes jusqu'à ce que cela m'arrive à moi aussi.
C'est mille fois pire que ce que j'avais imaginé.
Quand ma femme, Amal, a été arrêtée, j'ai été choqué et écœuré.
Elle n'avait rien fait de dangereux. Elle n'avait commis aucune sorte d'infraction. Elle n'avait fait que dénoncer publiquement le harcèlement sexuel. Mais en Égypte, si une victime prend la parole, c'est elle qui est punie, et non l'auteur des abus.
Chacun sait que la violence sexuelle est une réalité en Égypte et partout ailleurs dans le monde. Mais dans mon pays, ces abus sont devenus tellement habituels qu'ils ne sont pas dénoncés. Si quelqu'un refuse d'accepter ces agissements, c'est cette personne qui sera montrée du doigt.
C'est ce qui est arrivé à Amal. Elle a décidé de prendre position et de raconter ce qui lui est arrivé ; et à présent on la punit pour cela.
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Depuis l'arrestation de ma femme, en mai, je dépose des recours contre son incarcération. Elle a obtenu une libération sous caution dans la première affaire, où elle était accusée d'avoir posté sur Facebook une vidéo condamnant le harcèlement sexuel.
Elle a ensuite été placée en détention provisoire pour « appartenance à une organisation terroriste », « utilisation d'un site Internet dans le but de promouvoir des idées appelant à commettre des actes de terrorisme », et « diffusion intentionnelle de fausses nouvelles susceptibles de porter atteinte à la sécurité publique et à l’intérêt du public ».
Elle doit à présent être jugée, mais l'on ignore encore ce qui lui est exactement reproché. La première audience a eu lieu le 11 août devant le tribunal correctionnel de Maadi, au Caire
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Ces accusations n'ont aucun fondement. Elles sont absurdes et ridicules. Amal est actuellement incarcérée. Même si elle dispose de l'essentiel pour survivre, je suis très inquiet.
Oui, c'est une femme forte qui rêve de devenir actrice. Elle est sociable, franche, honnête, et elle aime rire.
Mais la prison peut même détruire les personnes les plus solides.
Amal souffre de dépression et elle ne reçoit pas les médicaments dont elle a besoin. Récemment, elle a souffert de complications pour sa jambe gauche et la prison a mis plus de deux semaines à trouver le bon médicament.
Et il est ridicule qu'elle soit jugée pour avoir exprimé une opinion.
Nous ne comprenons ni l'un ni l'autre pourquoi elle se trouve là. Nous sommes des êtres humains et nous avons le droit de partager des idées et de communiquer nos espoirs et nos craintes afin d'améliorer nos existences. On doit nous donner la possibilité de parler librement et ensemble.
Je dois rester fort pour Amal et pour notre petit garçon de trois ans. Quand je rends visite à Amal en prison, je fais de mon mieux pour qu'elle garde le moral, et pour que moi aussi je garde le moral. C'est incroyable de voir les gens se réunir pour soutenir Amal et demander sa libération.
Des sympathisants d'Amnesty International ont écrit des lettres, et cela réchauffe le cœur de voir autant de personnes se tenir à nos côtés dans un esprit de solidarité. Cela nous donne à tous les deux l'énergie suffisante pour tenir bon. Avec tous ces gens derrière nous, nous ne nous sentons pas isolés et nous ne baisserons pas les bras.
Vivre dans l'incertitude, cela nous mine tous. Mon fils et moi continuons d'espérer à chaque fois qu'Amal va être libérée, et quand elle reste incarcérée, c'est un déchirement et tout recommence, en particulier depuis qu'elle passe en jugement.
Les autorités égyptiennes utilisent ces accusations contre ceux qui expriment des critiques et les journalistes dans le but de les réduire au silence.
Ma femme a courageusement dénoncé le harcèlement sexuel qu'elle a subi en Égypte et on devrait l'applaudir pour son courage, au lieu de la traîner devant les tribunaux.
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