En Azerbaïdjan, critiquer ouvertement le régime se paie le prix fort. Pour son travail d’investigation courageux, Khadija Ismayilova, journaliste réputée et lauréate de nombreux prix prestigieux, est victime de campagne de diffamation et de détention arbitraire.
Malgré le système répressif en place dans le pays, Khadija Ismayilova n’a pas hésité à publier des articles en Azerbaïdjan dans lesquels elle dénonce la corruption et les violations des droits humains. Elle a entre autre enquêté sur les liens qui existeraient entre la famille du Président Ilham Aliyev et un projet de construction lucratif envisagé à Bakou, la capitale du pays. Son courage lui vaut d’être pris pour cible par le gouvernement.
CAMPAGNES DE DIFFAMATION
En Azerbaïdjan, pour faire taire les opposants et ceux qui dérangent le régime, plusieurs techniques existent. La première vise à dénigrer la personne visée afin de la stigmatiser et délégitimer son travail. C’est ce qui est arrivé à Khadija Ismayilova : le 7 mars 2012, elle reçoit une lettre contenant des images la montrant en plein acte sexuel, après que des inconnus se seraient introduits dans son appartement pour cacher des caméras dans sa chambre. Ces images étaient accompagnées d’un message menaçant : il lui ordonnait d’abandonner son travail sans quoi elle serait « couverte de honte ». Elle refusé et dénonce publiquement cette tentative de chantage. La presse a aussi publié des articles reprochant à « sa mère le “mode de vie honteux” de sa fille » et prétendant qu'elle et sa sœur étaient apparues dans des films pornographiques.
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DÉTENTION ARBITRAIRE
Khadija Ismayilova ayant refusé de se taire, elle est poursuivie à plusieurs reprises. En décembre 2014, elle est placée en détention provisoire sur des charges fabriquées. La veille de son incarcération, le chef de cabinet du président, Ramiz Mehdiyev, accuse des journalistes azerbaïdjanais de trahison et déclare que Khadija Ismayilova est un « parfait exemple » de journaliste travaillant contre le régime.
La criminalisation ne s’arrête pas là. Entre 2015 et 2016, elle est détenue arbitrairement pendant plus de huit mois. Sur la base de charges inventées de toutes pièces, notamment de détournement de fonds, d’entreprenariat illégal, d’évasion fiscale et d’abus de pouvoir, elle est condamnée à 7 ans et demi de prison. Bien qu’elle ait été libérée par une décision de la Cour suprême en mai 2016, elle n’a pas été acquittée.
La création de fausses accusations est souvent utilisée en Azerbaïdjan pour condamner à la prison toute personne osant formuler des critiques publiques à l’encontre du gouvernement. De nombreux autres prisonnières et prisonniers d'opinion se trouvent toujours en détention pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression en Azerbaïdjan. Tous doivent être libérés afin de rompre avec cette politique dangereuse de peur et de répression.
Interpeller le Président de la République de l’Azerbaïdjan
Demandons la liberté pour ces jeunes graffeurs !