Plutôt que d’instaurer un État de droit et d’ouvrir un dialogue avec la société civile, le pouvoir serre la vis.
Quand le 3 juillet 2013, le général Abdel Fattah al-Sissi destitue Mohamed Morsi, issu du mouvement des Frères musulmans et élu démocratiquement un an plus tôt, l’homme se présente comme celui qui mettra fin au chaos et rétablira l’ordre après l'amateurisme de la présidence Morsi.
Force est de constater que le pari de Sissi, entre-temps devenu maréchal et président de la République, est loin d’être gagné. Les canaux de communication entre le pouvoir et la société sont de plus en plus ténus. L’instabilité tend à devenir chronique.
Deux jours après l’assassinat du procureur général d’Égypte dans un attentat à la voiture piégée au Caire le 29 juin 2015, une série d’attaques coordonnées d’une ampleur inédite était menée dans le Sinaï par le groupe Ansar Beït al-Maqdess, rallié à l’État islamique. Bilan : au moins 17 morts parmi les forces de sécurité.
De son côté, l’armée égyptienne a détruit des centaines de maison à Rafah, près de la frontière avec la bande de Gaza afin de créer une zone tampon avec le territoire palestinien, alimentant la spirale de violence.
La gestion exclusivement sécuritaire de cette région longtemps laissée pour compte n’a pas non plus mis fin aux trafics divers et kidnappings de migrants. En Haute-Égypte également, l’absence d’intégration politique touche nombre de paysans pauvres gagnés par le salafisme.
Or plutôt que d’instaurer un État de droit et d’ouvrir un dialogue avec la société civile, le gouvernement prépare un nouveau projet de loi antiterroriste qui resserre encore davantage la poigne de fer des autorités égyptiennes sur le pouvoir et risque, selon Amnesty International de « porter un coup terrible aux libertés fondamentales ».