Des députés français ont manifesté publiquement leur soutien aux défenseurs des droits humains en Égypte. Une première importante, alors qu’une vague de répression sans précédent s’abat sur eux.
Mercredi 27 novembre, des députés ont répondu à notre appel en partenariat avec la FIDH et l’ACAT, pour manifester leur soutien aux défenseurs des droits humains emprisonnés aujourd’hui par centaines en Égypte. Des militants égyptiens en exil, Céline Lebrun-Shaath, l’épouse de Ramy Shaath, la représentante de Human Rights Watch, mais aussi François Croquette, ambassadeur pour les droits de l’homme pour la République française étaient présents à cette occasion.
4 choses à faire pour la libération de Ramy Shaath
Depuis plus de 6 ans et l’accession au pouvoir du Maréchal Al Sissi devenu président, une répression systématique s’abat sur toutes les voix critiques en Égypte. Sur n’importe quelle voix critique. Depuis juin dernier, et plus encore depuis la répression des manifestations de septembre, qui ont conduit à l’interpellation de plus de 4000 personnes, la répression a atteint de nouveaux paliers. Alarmants. Arrestations arbitraires, détentions provisoires prolongées, tortures, disparitions forcées, couvertes par la mise en place d’un système de justice parallèle.
La députée Mireille Clapot avec le portrait de Ramy Shaath, défenseur des droits humains, devant l'Assemblée nationale © Christophe Meireis
Pourquoi est-ce important ?
En 2018, la France a aussi, par la voix de son ministre des affaires étrangères, annoncé faire de la protection des défenseurs des humains un des axes prioritaires de sa diplomatie. La France a choisi, ces dernières années, de nouer puis de renforcer, un « partenariat stratégique avec l’Egypte ».
Cette situation confère des devoirs d’autant plus importants à la France vis à vis des défenseurs des droits humains égyptiens. Parce que si l’Égypte est un partenaire stratégique de la France, la France est aussi un partenaire stratégique de l’Égypte. Un partenaire écouté et influent sur les questions de droits humains.
Signer notre pétition pour que la France protège les défenseurs des droits humains
La réalité est tout autre. Le partenariat stratégique vise notamment à renforcer les ventes d’armements. Nous avons pu démontrer que ces équipements ont été largement utilisés par les autorités égyptiennes pour réprimer dans le sang la contestation. Ce partenariat stratégique vise aussi à renforcer la coopération antiterroriste entre les deux pays. Aujourd’hui, les défenseurs des droits humains sont systématiquement ciblés par les lois et la justice d’exception en vigueur en Égypte au nom de la lutte antiterroriste.
Ces dernières années, la diplomatie française a privilégié un dialogue privé sur les droits humains. Cette approche a largement échoué. Le silence de ses alliés est la meilleure arme des autorités égyptiennes. Une dénonciation constante, publique et ferme d’un allié aussi important que la France pour l’Égypte permettrait d’enrayer cette spirale et de se faire entendre.
Céline, l'épouse du défenseur Ramy Shaath s'exprime devant les députés à l'Assemblée nationale, novembre 2019 © Christophe Meireis
Les parlementaires, une force essentielle lorsque la diplomatie traditionnelle est silencieuse
Le 24 octobre, le parlement européen a adopté une résolution importante enjoignant notamment l’Union européenne et les Etats membres à répondre de manière unifiée et ferme à la répression et aux violations des droits humains en cours, avec des demandes très précises et concrètes.
Les parlementaires français ont un rôle essentiel pour dénoncer les exactions commises par les autorités égyptiennes, mais aussi pour pousser les autorités françaises à mettre en œuvre leurs engagements internationaux vis-à-vis des défenseurs des droits humains en Égypte et à traduire en actes concrets la résolution du Parlement européen. Nous sommes reconnaissants envers les députés qui se sont rendus présents. Nous attendons d’eux, mais aussi de toutes celles et ceux qui étaient absents, de s’engager résolument pour la défense des droits humains en Égypte.
Des députés se mobilisent pour les droits humains en Égypte © Christophe Meireis