La libération d'Anwar Ibrahim, leader malaisien de l'opposition et prisonnier d'opinion marque un tournant dans ce pays. Nous faisons campagne en sa faveur depuis 20 ans.
La libération d'Anwar Ibrahim met fin à son second séjour de longue durée derrière les barreaux en raison de ses opinions politiques.
Deux décennies de persécutions politiques
Il a été arrêté une première fois en 1998, alors qu'il était vice-Premier ministre, après avoir appelé à la réforme politique. Limogé du gouvernement, il a été inculpé de corruption et d’actes homosexuels « illégaux » – des accusations qu'il a toujours niées.
Anwar Ibrahim avait été passé à tabac en garde à vue, puis déclaré coupable de corruption en 1999 et de « sodomie » en 2000. Il est resté en prison jusqu'en 2004, lorsque sa condamnation a été annulée.
La seconde affaire de « sodomie » visant Anwar Ibrahim a démarré en 2008. La Haute Cour de Malaisie l'avait blanchi de toutes les charges en 2012, mais la Cour d'appel avait annulé cette décision en mars 2014, le condamnant à cinq années d'emprisonnement.
Le 10 février 2015, la Cour fédérale de Malaisie, la plus haute instance du pays, a confirmé la décision de la Cour d'appel. Sa condamnation l’a empêché d'occuper des fonctions politiques et de se présenter aux élections générales de 2018.
Un signal fort pour la liberté d’expression dans ce pays
Anwar Ibrahim a purgé plus de trois ans sur sa dernière peine de prison et devait être libéré en juin. Toutefois, la grâce royale que Mahathir Mohamad s’est engagé à solliciter en sa faveur lui permettra de briguer de nouveaux mandats. Mahathir Mohamad a promis de se retirer afin de permettre à Anwar Ibrahim d'occuper le poste de Premier ministre lorsqu'il aura été gracié et élu au Parlement.
Les multiples incarcérations d'Anwar Ibrahim s’inscrivent dans le cadre d'une répression plus large de la liberté d'expression et de la dissidence politique pacifique en Malaisie. Anwar n'aurait jamais dû être incarcéré et sa libération tant attendue est une grande avancée vers le rétablissement de la justice et des droits humains en Malaisie, après tant d'années de persécution politique imputable aux gouvernements précédents.
Cette journée est à marquer d'une pierre blanche pour les droits humains en Malaisie, mais le nouveau gouvernement ne doit pas s'arrêter là. Au contraire, cette mesure doit annoncer une nouvelle ère et des changements positifs.
Le nouveau gouvernement doit abroger les lois répressives qui musellent la liberté d'expression et de réunion, et dont le précédent gouvernement s'est servi avec acharnement pour cibler les détracteurs du gouvernement et les défenseurs des droits humains.
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