Après cinq ans et demi derrière les barreaux, le photojournaliste égyptien Shawkan est enfin sorti de prison. Mais il sera obligé de passer toutes ses nuits au commissariat de police pendant les cinq prochaines années. Une liberté qui n’en est pas une.
Mahmoud Abu Zeid, dit « Shawkan », avait été arrêté le 14 août 2013 alors qu’il couvrait la sanglante répression par l’armée égyptienne du rassemblement organisé sur la place Rabaa-El-Adawiya au Caire par des sympathisants de l’ancien président Mohamed Morsi.
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Jugé dans le cadre d’un procès de masse de plus de 700 personnes, Shawkan a été accusé entre autres d’homicide, de tentative d’homicide et de possession d’armes, charges pour lesquelles il a risqué la peine de mort.
Son procès, entamé en décembre 2015, a été reporté plus de 50 fois et a été entaché d’irrégularités. Lors du procès, l’accusation n’a pas produit d’éléments suffisants pour prouver qu'il était coupable des faits qui lui étaient reprochés. Néanmoins, en septembre 2018 il a été condamné à cinq ans de détention, assortis de cinq années de mise à l'épreuve.
Si aujourd’hui il sort enfin de prison, c’est seulement parce qu’ayant été détenu arbitrairement depuis 2013, il a déjà purgé largement sa peine.
Libre, mais pas vraiment
Cependant, il sera obligé de passer 12 heures par jour au commissariat de police, de 18 heures à 6 heures du matin, pour les cinq prochaines années. Cette mesure est absurde et inacceptable.
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Le cas de Shawkan est loin d’être isolé. Les années qui ont suivi la destitution du président Mohamed Morsi en juillet 2013 et l’élection d’Abdel Fattah al-Sissi à la tête du pays en mai 2014 ont témoigné d’un durcissement du pouvoir à l’encontre des journalistes et de la liberté d’expression.
Shawkan, comme tant d’autres, n’aurait jamais dû être arrêté ni condamné.
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