Alors que plusieurs personnes sont mortes et des centaines ont été blessées et emprisonnées lors de manifestations, les autorités vénézuéliennes persécutent ceux qui ne partagent pas leurs opinions.
Notre nouveau rapport, intitulé Silenced By Force: Politically-Motivated Arbitrary Detentions in Venezuela, donne des informations détaillées sur toute une série d’actions illégales commises par les autorités vénézuéliennes pour réprimer la liberté d’expression. Elles utilisent le système judiciaire de manière illégale pour intensifier les persécutions et les sanctions à l’égard de la dissidence.
Une répression permanente
Il s’agit notamment d’arrestations auxquelles le Service bolivarien de renseignement national (Servicio Bolivariano de Inteligencia Nacional, SEBIN) a procédé sans mandat, de poursuites engagées contre des militants non violents pour des infractions « contre la patrie », du recours injustifié à la détention provisoire et de campagnes de diffamation dans les médias à l’encontre de membres de l’opposition. Au Venezuela, la dissidence est interdite. Il semble qu’il n’y ait aucune limite à la détermination des autorités lorsqu’il s’agit d’employer des moyens juridiques on ne peut plus variés pour punir ceux qui expriment un point de vue différent de la position officielle. Au lieu de s’obstiner à faire taire toute voix dissidente, les autorités vénézuéliennes devraient se concentrer sur la recherche de solutions concrètes et durables à la crise profonde à laquelle le pays est confronté. Dans la plupart des cas, les accusés sont poursuivis pour des infractions graves telles que « trahison de la patrie », « terrorisme ou vol de biens militaires » ou « rébellion », qualifications qui permettent de recourir à la détention provisoire même lorsqu’il n’existe pas suffisamment de preuves recevables pour étayer les charges. Les infractions de ce type relèvent de juridictions spéciales, notamment militaires, qui ne sont pas indépendantes, sont rarement impartiales et ne devraient pas juger des civils.
Des risques de torture
Nous avons également recueilli des informations sur le cas de détenus dont les contacts avec leur famille ou leurs avocats sont restreints, ce qui les expose particulièrement à de graves violations des droits humains, notamment des actes de torture et d’autres mauvais traitements.
Yon Goicochea, leader étudiant et dirigeant actuel de Voluntad Popular, a été arrêté le 29 août 2016 par des individus non identifiés qui circulaient à bord d’une camionnette dépourvue de plaque d’immatriculation, selon des témoins de la scène. Son arrestation a finalement été confirmée par un haut responsable du parti au pouvoir, le Parti socialiste unifié du Venezuela (Partido Socialista Unido de Venezuela, PSUV), qui a indiqué que Yon Goicochea avait été arrêté pour port d’explosifs, affirmant que ceux-ci devaient être utilisés lors d’une manifestation de l’opposition le 1er septembre. Malgré les efforts considérables déployés par la famille de Yon Goicochea, le lieu où il se trouvait n’a pu être déterminé qu’environ 13 heures après son dernier contact avec elle. Les proches de Yon Goicochea sont restés sans nouvelles de lui après son arrestation jusqu’à ce que l’on apprenne qu’il était détenu à El Helicoide, le siège du SEBIN, à Caracas. Le militant a été présenté à un tribunal. Cependant, selon des informations communiquées à Amnesty International, il a été maintenu en détention au secret jusqu’au 1er septembre 2016.
Depuis le 20 octobre 2016, une décision de justice reconnaît que toutes les conditions requises pour sa libération sont réunies, le ministère public n’ayant pas trouvé suffisamment d’éléments contre lui pour engager des poursuites. Pourtant, Yon Goicochea est toujours détenu par le SEBIN et, selon sa famille, le tribunal chargé du dossier n’est pas ouvert au public depuis décembre 2016.
Le fait que des personnes soient maintenues en détention au Venezuela en l’absence de charges à leur encontre montre à quel point la situation des droits humains dans ce pays est dramatique.
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