Dans le cadre de la campagne « 10 jours pour signer » de 2017, 500 000 actions ont été lancées à travers le monde pour dénoncer les homicides illégaux commis par la police en Jamaïque. Retour sur une mobilisation mondiale
Le 15 mars, nous avons remis, aux côtés de proches de personnes tuées par la police dans plusieurs pays du continent américain, 64 331 lettres et signatures au bureau du Premier ministre jamaïcain Andrew Holness, dans le cadre de notre campagne annuelle.
En solidarité avec Shackelia Jackson
500 000 actions demandant justice et la fin des violences policières, dont des tweets, des lettres, des courriels et des milliers de messages de solidarité ont notamment été envoyés à Shackelia Jackson, dont le frère, Nakiea Jackson, a été tué par la police jamaïcaine en 2014.
Lire le portrait de Shackelia Jackson
En 2016, une enquête préliminaire sur cette affaire avait été classée sans suites lorsqu’un témoin clé avait refusé de comparaître au tribunal, par peur des représailles. La famille Jackson a déclaré que la police avait effectué plusieurs descentes dans leur quartier, et qu’elle avait été victime de manœuvres d’intimidation au tribunal. Comme des centaines d’autres, l’affaire est maintenant en attente d’enquête.
En Jamaïque, le problème c'est le système. Il ne fonctionne plus. Je sais que c’est le tireur qui est responsable de la mort de mon frère, mais c'est le système qui a permis à cette tragédie de se produire, dans ce cas-là comme dans tant d'autres.
Shackelia Jackson
Des dizaines de milliers de militants et de militantes des quatre coins du monde, jusqu’en Suède, à Taiwan ou en Côte d'Ivoire, ont fait clairement savoir au Premier ministre Andrew Holness que la vague inquiétante d’homicides imputables à la police ne pouvait pas rester impunie.
Une politique d’intimidation encore d’actualité
Le gouvernement jamaïcain n’a toujours pas donner au tribunal spécial du coroner les moyens suffisant de traiter les affaires d’homicides imputables à la police et éliminer les obstacles structurels et les méthodes d’intimidation dont la police se sert pour empêcher les familles des victimes de tenter d’obtenir justice.
En 2017, quelque 168 personnes ont été tuées par des agents des forces de l’ordre jamaïcains, soit en moyenne trois personnes par semaine dans un pays qui compte 2,8 millions de personnes. Au cours des dix dernières années, seuls quelques rares policiers ont été déclarés coupables de tels homicides.
Les méthodes d’intimidation et de harcèlement auxquelles la police a recours pour réduire les familles des victimes au silence sont un autre obstacle à la justice, comme nous l’avions démontré lors d’une de nos précédentes enquêtes.
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