Le journaliste ouzbek Mouhammad Bekjanov, que nous avions soutenu dans le cadre de la campagne « Stop torture », a été libéré le 22 février après avoir passé 17 années en prison.
Accusé d'être impliqué dans une série d'attentats terroristes commis à Tachkent en février 1999, Mouhammad est arrêté puis condamné à 15 ans de prison qui seront prolongés arbitrairement.
Injustement condamné
Rédacteur en chef du journal interdit Erk (Liberté) et frère d’un dirigeant du Mouvement populaire d'Ouzbékistan, parti d'opposition, Mouhammad est dans le collimateur des autorités locales. Arrêté en 1999, à la suite d'un procès injuste, entaché d'actes de torture, Mouhammad est contraint de témoigner contre lui-même concernant des « crimes contre l’État ». Le tribunal, qui n'a pas mis en doute la nature de ses « aveux » et n'a pas voulu prendre en compte ses allégations de torture, le condamne en août 1999 à 15 ans de réclusion.
Un long calvaire
En détention, Mouhammad Bekjanov a subi la torture et les mauvais traitements. Il a notamment été frappé à coups de matraque en caoutchouc, asphyxié et soumis à des décharges électriques. En 2003, sa condamnation a été réduite de presque quatre ans au titre d'une amnistie. Toutefois, en décembre 2011, trois mois avant sa libération, Mouhammad Bekjanov a été condamné à cinq années supplémentaires – cette fois-ci pour « désobéissance aux ordres légitimes de l’administration des établissements pénitentiaires ». En décembre 2016, les espoirs de sa famille de le voir bientôt libéré ont été assombris par l'annonce de son placement à l'isolement par l'administration pénitentiaire. D'après l’expérience de Mouhammad Bekjanov, et celle de nombreux prisonniers en Ouzbékistan, il est courant que les autorités recourent à cette mesure disciplinaire avant de prolonger une peine d'emprisonnement de manière arbitraire. Cette fois-ci, heureusement, ces craintes ne se sont pas concrétisées. Au moment de sa libération, il figurait parmi les journalistes emprisonnés depuis le plus longtemps au monde. Malgré la nouvelle de sa libération, nous continuerons de réclamer justice et de demander la tenue d'une enquête sur ses allégations de torture. Les responsables présumés de ces actes doivent être traduits en justice.
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