On ignore toujours le sort réservé à des centaines de Rohingyas, 4 mois après leur arrestation lors d’une opération des forces de sécurité au Myanmar.
Depuis octobre, nous avons recensé toute une série de violations des droits humains commises par les forces de sécurité, en particulier par l’armée, contre les Rohingyas.
Un gouvernement silencieux
On ne connaît pas le nombre précis de personnes arrêtées dans le cadre des opérations de sécurité.
- En décembre, les médias d’État ont affirmé que 575 personnes avaient été interpellées - En janvier, une commission d'enquête gouvernementale a réduit ce chiffre à 485. - Le 3 février 2017, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a affirmé que, sur 205 personnes interviewées, 45 % ont signalé qu’un membre de leur famille avait disparu après avoir été emmené par les forces de sécurité.
Aucune information officielle n'a encore été communiquée sur le lieu de détention ni sur les faits qui sont reprochés aux centaines de personnes que les autorités du Myanmar affirment avoir arrêtées et poursuivies en justice depuis le 9 octobre 2016.
Le 20 janvier 2017, la rapporteure spéciale de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Myanmar a déclaré qu'elle a rencontré un seul détenu ayant bénéficié d'une représentation juridique ou sachant quelles charges pesaient contre lui. Elle a ajouté que la plupart des familles des personnes arrêtées ou détenues n'avaient reçu aucune information sur le sort de leurs proches.
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Risque de torture et de mauvais traitements
L'absence de toute information sur les personnes ayant disparu depuis plusieurs mois soulève des préoccupations quant aux disparitions, à la torture et aux autres mauvais traitements.
Les médias d’État du Myanmar ont relaté le 3 février 2017 qu'un homme, détenu dans le cadre des attaques du 9 octobre, était mort en détention alors qu'il était soigné pour une « inflammation de l'estomac ».
Tandis qu'au moins six autres personnes arrêtées dans le cadre des opérations de sécurité en cours sont également mortes en détention, à notre connaissance, aucune enquête indépendante n'a été menée.
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Des enquêtes pas vraiment indépendantes
En raison de la pression internationale, les autorités du Myanmar ont mis en place différentes commissions afin d'enquêter sur les violations présumées des droits humains commises durant les opérations de sécurité menées dans le nord de l'État d’Arakan. Cependant, aucune ne peut être considérée comme indépendante ou impartiale.
Le 1er décembre 2016, le président Htin Kyaw a annoncé la création d'une commission chargée d'enquêter sur les attaques du 9 octobre 2016 et leurs répercussions. Cette commission compte parmi ses membres des militaires de haut rang et des hauts fonctionnaires, encore en poste ou non, et affirme dans son rapport provisoire avoir découvert des preuves insuffisantes de violations des droits humains. Son rapport final, initialement attendu pour le 31 janvier, a été repoussé jusqu'à nouvel ordre.
Le 9 février 2017, l'armée du Myanmar a mis sur pied sa propre équipe d'investigation, composée majoritairement de membres de l'armée, afin de déterminer si elle a commis des violations des droits humains lors des opérations menées.
En outre, le ministère de l'Intérieur a mis sur pied une enquête départementale le 11 février 2017 afin d’établir si les forces de police ont commis des violations des droits humains durant leurs opérations de contrôle de la zone.
Nos demandes
Tous les détenus doivent être libérés dans les meilleurs délais, à moins qu'ils ne soient rapidement inculpés d'une infraction dûment reconnue par le droit international. S’ils sont inculpés, tous les procès doivent être conformes aux normes internationales d'équité, sans possibilité de recours à la peine de mort.
Les autorités du Myanmar doivent aussi ordonner des enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces sur : - les morts en détention et - les allégations faisant état d’actes de torture ou d'autres mauvais traitements infligés par les forces de sécurité.
Les responsables présumés, y compris au plus haut niveau de commandement, doivent être traduits en justice.