Près de 150 condamnés à mort dans ce pays sont détenus dans des conditions sinistres après un procès plus que contestable.
En 2011 une révision constitutionnelle aurait dû marquer la fin de la peine capitale dans le pays mais, six ans plus tard, les tribunaux continuent d’infliger ce châtiment cruel et les condamnés à mort sont toujours détenus dans des conditions déplorables.
Une peine cruelle, un procès injuste
Notre nouveau rapport se fonde sur les témoignages de 107 détenus sous le coup d’une condamnation à mort au Ghana.
Ces nombreux détenus nous ont expliqué qu’ils n’avaient pas bénéficié d’une représentation juridique digne de ce nom pendant leur procès.
Bien que les trois quarts des prisonniers se soient vu attacher les services d’un avocat commis d’office, certains ont affirmé que celui-ci avait réclamé le paiement de ses honoraires. Plusieurs ont indiqué que leur avocat n’avait pas assisté à toutes les audiences et beaucoup ont expliqué qu’ils n’avaient pas eu la possibilité de s’entretenir avec lui pour préparer leur défense.
L’un d’eux a déclaré :
Je n’ai pas d’argent, c’est pour ça que je suis ici. Si j’en avais, je serais dehors.
Parmi les détenus interrogés, moins d’un sur quatre a pu faire appel de sa déclaration de culpabilité ou de sa peine, et l’administration pénitentiaire nous a informés que seuls 12 condamnés à mort l’avaient fait depuis 2006 – la moitié d’entre eux avait obtenu gain de cause. La plupart des prisonniers avec lesquels les représentants de l’organisation se sont entretenus n’avaient pas les moyens de payer un avocat et rares étaient ceux qui savaient comment interjeter appel ou obtenir une aide juridictionnelle.
Signer la pétition : Non à la condamnation à mort de 14 détenus au Bénin
Des conditions de détention sordides
Le quartier des condamnés à mort de la prison de Nsawam est surpeuplé, mal entretenu et doté de sept toilettes pour plus de 100 détenus. L’aile réservée aux hommes compte 24 petites cellules de quatre prisonniers, quatre moyennes où s’entassent jusqu’à huit prisonniers et deux grandes de 16 prisonniers. Dans chaque cellule, l’unique fenêtre est bloquée par des barres métalliques et ne peut être ouverte. Des petits trous dans les murs fournissent une faible ventilation.
Les quatre femmes sous le coup d’une condamnation à mort à Nsawam sont isolées des autres détenues et partagent la même cellule. Les prisonniers interrogés présentaient des signes de souffrance et d’anxiété, plusieurs hommes et femmes ont même fondu en larmes en évoquant leur situation avec nos représentants.
« Si je devais être tué, ce serait mieux que d’être d’ici », a déclaré l’un d’eux.
Les autorités ghanéennes doivent faire en sorte que les prisonniers bénéficient d’une alimentation suffisante, des soins médicaux dont ils ont besoin et d’un accès à des installations pédagogiques et récréatives, conformément aux normes internationales.
En mars 2017, six détenus sous le coup d’une condamnation à mort étaient officiellement reconnus comme ayant un handicap mental ou intellectuel. Ils ne faisaient pas l’objet d’une prise en charge spécialisée, bien que l’administration pénitentiaire ait soutenu qu’elle cherchait à s’attacher les services d’un psychiatre.
Le maintien de personnes présentant un handicap mental ou intellectuel dans le quartier des condamnés à mort constitue une violation du droit international relatif aux droits humains et compromet leur sécurité et celle des autres détenus.
Le Ghana tournera-t-il le dos aux droits humains ?
Les autorités ghanéennes n’ont toujours pas fait le choix de commuer toutes les condamnations à mort en peines d’emprisonnement. Elles doivent veiller à ce que toutes ces affaires soient réexaminées afin de repérer d’éventuelles erreurs judiciaires.
Il est important que le Ghana abolisse la peine de mort pour toutes les infractions. Au niveau mondial, 105 pays, dont 19 en Afrique, ont aboli la peine capitale pour toutes les infractions. Supprimer ce châtiment cruel et mettre fin à la souffrance des prisonniers sous le coup d’une condamnation à mort, enfermés et oubliés, serait une excellente manière pour le Ghana de célébrer le 60ème anniversaire de son indépendance.