Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles
Portrait de Chef Dsta'hyl © Dsta’hyl's family
Le chef Dsta'hyl, premier prisonnier d’opinion au Canada pour avoir défendu les terres ancestrales des Wet'suwet'en
Alors qu’il défend de manière pacifique ses terres face au projet destructeur de gazoduc Coastal GasLink (CGL), le chef Dsta'hyl a été reconnu coupable d’outrage criminel par la justice canadienne. En juillet 2024, il a été condamné à 60 jours d’assignation à résidence. À la suite de cette condamnation, Amnesty International a décidé d’attribuer le statut de prisonnier d’opinion au chef Dsta'hyl, faisant de lui le premier prisonnier d’opinion au Canada.
Continuons à demander l’abandon des charges qui pèsent contre lui et contre les autres défenseur⸱es, ainsi que l'abandon du projet de gazoduc !
La Nation Wet’suwet’en, représentée par ses Chef·fes héréditaires, se trouve au cœur de la Colombie-Britannique au Canada. Le Chef Dsta'hyl est le chef d’un des clans des Wet’suwet’en : le clan Likhts'amisyu.
Le projet de gazoduc Coastal GasLink (CGL) de 670 km porté par l’entreprise TC Energy menace le territoire Wet’suwet’en de dégâts environnementaux irréparables. Alors que les Chef·fes héréditaires ont toujours eu autorité sur leur territoire, ils n’ont jamais donné leur consentement préalable, libre et éclairé à la construction de ce gazoduc.
Carte élaborée par Amnesty International. Source : Coastal GasLink et bureau des Wet’suwet’ens.
C’est pour protéger leur territoire, le Yin’tah, que les Wet’suwet’en dont le chef Dsta'hyl se battent contre les intérêts des industries fossiles. En manifestant de manière pacifique contre la construction du gazoduc, ils exercent leurs droits humains à la liberté d’expression et de mouvement et de réunion pacifique, mais également les droits des peuples autochtones à l’autogouvernance et au contrôle de leurs territoires.
Ils sont pourtant surveillé·es, intimidé·es, harcelé·es, criminalisé·es par les autorités canadiennes et par Coastal GasLink Pipeline Ldt., et certains risquent même des peines de prison comme le chef Dsta'hyl.
L'objectif final de notre lutte est la reconnaissance de la loi Wet'suwet'en au Canada, et il est regrettable que la Couronne reste plutôt campée sur ses positions. Cette lutte dure depuis 240 ans. Nous avons été incarcéré·es dans les réserves où ils nous ont transformé·es en « Indiens inscrits ». Aujourd'hui, nous sommes tous des prisonnier·es de conscience en raison de ce que les colons nous ont fait subir.
Chef Dsta'hyl
Lire aussi : Les Wet’suwet’en : le combat d’une nation autochtone pour sauver ses terres
La violence des autorités en terre Wet’suwet’en
Dans notre rapport «Criminalisation, intimidation et harcèlement des défenseur.es des terres Wet'suwet'en», nous avons étudié quatre raids particulièrement violents menés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). La GRC a attaqué les Wet’suwet’en qui manifestaient pacifiquement, exerçant leur droit à la liberté d’expression.
Notre étude montre que la violence des raids menés était disproportionnée avec l’envoi de dizaines d'agents armés de fusils de précision semi-automatiques, accompagnés de chiens, de bulldozers et d'hélicoptères. Tout ce dispositif contre des défenseur·es des terres, désarmé·es. Au cours de ces quatre raids, 75 des défenseur·es ont été arrêté·es et détenu·es arbitrairement pour avoir violé les termes d’une injonction injuste. Cette injonction, accordée par la Cour suprême de la Colombie-Britannique, interdit aux défenseur·es des terres de mener des actions, même pacifiques, pour défendre le territoire Wet'suwet'en contre la construction du gazoduc CGL.
Pour bien comprendre ce qui arrive à la Nation Wet’suwet’en aujourd’hui, il est essentiel de garder à l’esprit les politiques mises en place par le gouvernement canadien depuis des siècles pour chasser les peuples autochtones de leurs terres ancestrales et les assimiler à la société coloniale. Parmi ces politiques et pratiques, on peut notamment citer des expulsions forcées, des relocalisations et des dépossessions, des pensionnats pour enfants autochtones, les règles d’inscription au registre des Indiens, des incarcérations de masse, des stérilisations forcées, la rafle des années soixante, le système de protection de l’enfance, la « Loi sur les Indiens », etc.
Lire aussi : Comment le Canada harcèle la nation autochtone Wet’suwet’en pour protéger l'industrie fossile
En juillet 2024, le chef Dsta'hyl a été condamné à 60 jours d’assignation à résidence. Il est le premier de quatre défenseur·es des terres Wet'suwet'en reconnu·es coupables d’outrage criminel à être condamné à assignation à domicile. Le procès des autres défenseur·es des terres Wet'suwet'en est toujours en cours. Trois d’entre eux seront jugé·es en septembre 2024.
J'ai été condamné pour avoir protégé nos propres terres alors que les lois Wet'suwet'en ont été mises de côté
Chef Dsta'hyl
À la suite de cette condamnation, Amnesty International a reconnu le chef Dsta'hyl comme étant le premier prisonnier d’opinion sur le territoire canadien. La reconnaissance de ce statut de prisonnier d’opinion implique que nous exigeons la levée immédiate et inconditionnelle de son assignation à résidence.
Nous considérons comme prisonnier·e d’opinion toute personne qui n’a pas eu recours à la violence mais qui a été emprisonnée ou soumise à d’autres restrictions physiques (comme l’assignation à résidence), uniquement en raison de ses convictions politiques, religieuses ou autres, de son origine ethnique, de son sexe, de sa couleur de peau, de sa langue, de son origine nationale ou sociale, de sa situation socio-économique, de sa naissance, de son orientation sexuelle, de son identité ou de son expression de genre.
Lorsque nous déclarons une personne comme prisonnière d’opinion, cela implique que nous exigeons automatiquement sa libération immédiate et inconditionnelle.
Lire aussi : Qu’est-ce qu’un prisonnier d’opinion ?
Une action pacifique pour défendre des terres ancestrales non cédées ne devrait pas être considérée comme un crime. Il est important de rappeler que les peuples autochtones défendent des écosystèmes naturels qui atténuent les effets du changement climatique. Il n'est certainement pas productif, dans le contexte actuel de crise climatique mondiale, de les poursuivre pour avoir protégé ces écosystèmes.
Gabrielle Pauzé, directrice des opérations pour Amnesty International Canada francophone
La situation du chef Dsta'hyl est emblématique de la répression par les gouvernements canadiens et de la Colombie-Britannique contre la Nation Wet'suwet'en.
Il est urgent de faire abandonner les poursuites engagées contre le chef Dsta'hyl et les défenseur·es de la terre qui s’opposent à la construction du gazoduc Coastal GasLink !
Les poursuites engagées contre les Wet’suwet’ens doivent être abandonnées !
Interpellez les autorités canadiennes en signant notre pétition.