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Algérie. Les manifestant·e·s pacifiques détenus arbitrairement doivent être libérés
Les autorités algériennes doivent libérer immédiatement et sans condition tous les manifestant·e·s pacifiques arrêtés uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, a déclaré Amnesty International le 6 mars 2020.
Amnesty International observera les manifestations prévues le 6 mars et demande aux autorités de permettre à toutes et tous d’exercer librement leurs droits humains. Elles ne doivent pas s’en prendre aux manifestant·e·s pacifiques.
Au lendemain de l’élection présidentielle en décembre dernier, au moins 76 personnes ont été arrêtées de manière arbitraire dans le cadre d’une vague d’interpellations menées par les autorités. Des militants de la société civile, des journalistes et des leaders politiques comptent parmi ceux qui sont inculpés de diverses charges fondées sur des infractions figurant dans le Code pénal, notamment « attroupement non armé », « atteinte à la sécurité nationale », « atteinte au moral de l’armée » et « outrage à des fonctionnaires ».
« Les autorités algériennes brandissent la menace de procès au pénal contre des dizaines de manifestants pacifiques, visiblement dans le but d’intimider et de faire taire les voix critiques. Le recours à des accusations forgées de toutes pièces en lien avec la sécurité nationale et l’armée est particulièrement scandaleux, a déclaré Philip Luther, directeur des recherches et des actions de plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.
« Persécuter des manifestants pacifiques n’est certainement pas la réponse qu’attendent les Algériennes et les Algériens qui descendent dans les rues et réclament des réformes de grande envergure. »
Depuis février 2019, le nombre total de poursuites engagées contre des manifestants pacifiques a dépassé 1 400, selon les organisations locales de défense des droits humains et les avocats qui observent la situation sur le terrain.
Le 21 février, lors d’une manifestation à Alger commémorant l’anniversaire du mouvement « Hirak », deux manifestants pacifiques – Yasmine Si Hadj Mohand et Hamid Hamadeche – ont été arrêtés et placés en détention provisoire. Yasmine Si Hadj Mohand, 34 ans, qui réside en France et travaille comme ingénieure, se trouve en détention depuis cette date et n’a pas été autorisée à contacter sa famille. Elle est accusée d’avoir participé à un « attroupement non armé ». Le verdict dans son affaire est attendu pour le 8 mars.
Le 29 février, lors d’une autre manifestation à Alger, un groupe de 56 manifestants pacifiques ont été arrêtés de manière arbitraire. Selon l’un de leurs avocats, 20 d’entre eux au moins sont poursuivis pour « incitation à un attroupement non armé », dont huit devraient être jugés le 2 avril, tandis que les autres ont été libérés sans inculpation.
Amnesty International suit le procès de plusieurs manifestants, dont ceux du leader politique Karim Tabbou et du président de l’association de la société civile Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), Abdelouahab Fersaoui. Ce dernier a été arrêté le 10 octobre 2019 à Alger et est détenu à la prison d’El Harrache. Il doit être jugé pour « incitation à la violence » et « atteinte à la sécurité nationale », en raison d’une publication qu’il a postée sur Facebook.
Amnesty International a interviewé Raouf Rais, un manifestant pacifique arrêté lors d’une manifestation le 1er novembre 2019 et maintenu en détention provisoire pendant deux mois à la prison d’El Harrache. Il a été déclaré coupable d’« atteinte à la sécurité nationale » pour avoir brandi le drapeau amazigh et condamné à deux mois de prison avec sursis. Il a ensuite été relâché le jour du jugement. Son audience en appel est fixée au 26 mars.
« Nous demandons aux autorités algériennes de cesser immédiatement leur campagne d’arrestations et de poursuites arbitraires. Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées », a déclaré Philip Luther.
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