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Mozambique. Une vidéo montrant l’homicide d’une femme nue est une preuve supplémentaire des violations des droits humains commises par l’armée
Il faut que les autorités mozambicaines ouvrent immédiatement une enquête indépendante et impartiale sur l’exécution extrajudiciaire d’une femme nue et sans défense à Mocímboa da Praia (province de Cabo Delgado), a déclaré Amnesty International le 15 septembre 2020, après avoir vérifié l’authenticité de la vidéo de cet homicide qui a été diffusée sur les réseaux sociaux.
« Cette vidéo insoutenable est une nouvelle illustration des violations flagrantes des droits humains et des homicides sans pitié qui sont perpétrés dans la province de Cabo Delgado par les forces de sécurité mozambicaines, a déclaré Deprose Muchena, directeur du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnesty International.
« Les actes qu’elle montre correspondent aux atroces violations des droits humains et crimes de droit international que nous avons constatés récemment dans cette zone. Ils s’inscrivent dans un schéma d’infractions répétées et continuelles imputables à l’armée mozambicaine.
« L’armée ne peut pas perpétrer à sa guise des crimes de droit international et des violations des droits humains, y compris des homicides de civils, au nom de la lutte contre les groupes armés. Il faut que les autorités mozambicaines enquêtent sur les atrocités commises récemment et veillent à ce que tous les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables devant des tribunaux civils de droit commun. »
Une femme rouée de coups et criblée de 36 balles
Selon l’analyse réalisée par le laboratoire du programme Réaction aux crises, cette femme non identifiée a été tuée sur un site ayant pour coordonnées 11.518419, 40.021284 ou à proximité, au milieu de la route R698, devant un poste électrique situé dans l’ouest de la ville d’Awasse (province de Cabo Delgado).
Elle tentait de s’enfuir vers le nord en suivant la route lorsque des hommes appartenant, semble-t-il, à l’armée mozambicaine, qui la suivaient jusque là, se sont approchés d’elle. Après l’avoir rouée de coups au moyen d’un bâton en bois, ils l’ont abattue et ont abandonné son corps nu sur la voie rapide. Quatre hommes différents ont tiré au total 36 balles provenant de divers fusils de type Kalachnikov et d’une mitrailleuse PKM.
Ils portent l’uniforme de l’armée mozambicaine. L’un d’eux a l’écusson noir et jaune caractéristique sur l’épaule gauche (voir l’image ci-dessous). La plupart des militaires portent un uniforme complet, mais le tireur équipé du PKM a un T-shirt rouge au lieu de la chemise de camouflage.
Tous les militaires parlent portugais et utilisent le terme « Al Shabaab » lorsqu’ils font référence à la victime. Il s’agit d’un groupe armé local accusé de provoquer l’instabilité de la région depuis octobre 2017. Au début de la vidéo, on les entend dire : « C’est Al Shabaab. » À la fin, ils déclarent : « Nous venons de tuer [une membre d’]Al Shabaab. » Une source militaire locale, qui s’est entretenue avec l’équipe de recherche d’Amnesty International, a fourni une justification étrange à cet homicide : selon elle, la victime aurait jeté un sort à l’armée mozambicaine et refusé de révéler où se cachaient les insurgés.
La vidéo est apparue sur les réseaux sociaux le 14 septembre mais elle a circulé de manière privée dès le 7 septembre, date à laquelle les images ont probablement été filmées, d’après les sources d’Amnesty International. Cette date coïncide avec celle de l’opération de grande envergure lancée par l’État pour déloger les insurgés d’Awasse et de Diaca, ce qui confirme la présence des militaires dans ces villes le jour en question.
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