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Ouzbékistan. Il faut cesser de recourir à la force illégale contre les manifestant·e·s dans la région de Karakalpakie

En réaction aux informations faisant état du recours à la force illégale à Noukous, qui a fait au moins 18 morts parmi les manifestant·e·s qui protestaient contre un projet de modification de la Constitution visant à supprimer l’autonomie de la région de la Karakalpakie au sein de l’Ouzbékistan, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :

« Les images que nous avons vues le week-end dernier sur les réseaux sociaux, montrant des manifestant·e·s brutalement blessés et ce qui ressemblait à du sang dans les rues, étaient vraiment choquantes. Les autorités doivent révéler sans attendre ce qui s’est passé à Noukous, ordonner la tenue d’une enquête impartiale, indépendante et approfondie sur le recours à la force contre les manifestant·e·s et veiller à ce que les responsables présumés soient traduits en justice dans le cadre de procès équitables.

« Nous sommes inquiets de voir que les autorités ouzbèkes recourent aux méthodes habituelles pour faire taire les voix critiques et bloquer l’information, notamment par le biais de l’état d’urgence récemment décrété. Les coupures d’Internet et des communications portables à Noukous empêchent le monde de savoir ce qui s’est passé le week-end dernier.

Les coupures d’Internet et des communications portables à Noukous empêchent le monde de savoir ce qui s’est passé le week-end dernier

Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International

« Nous avons reçu des informations selon lesquelles les défenseur·e·s des droits humains qui critiquent les autorités sont arrêtés et risquent de subir torture et mauvais traitements. Mais du fait du blocus de l’information, il est quasi impossible de procéder à des vérifications de manière indépendante. »

Complément d’information

Des manifestations de masse contre le projet de modification de la Constitution ouzbèke ont éclaté le 1er juillet et ont culminé dans la soirée du 2 juillet, lorsque les forces de sécurité ont semble-t-il fait usage de la force meurtrière pour disperser les manifestant·e·s à Noukous.

Selon les autorités ouzbèkes, 18 manifestant·e·s sont morts au cours des troubles et 243 personnes ont été blessées, dont 38 membres des forces de l’ordre, tandis que 516 personnes ont été arrêtées en marge des manifestations.

Selon des témoins, des unités militaires ont été déployées dans toute la ville et ont encerclé le principal site de manifestation. Les forces de sécurité auraient tiré des balles en caoutchouc sur la foule. Selon certaines informations, qui n’ont pu être vérifiées de manière indépendante, des drones auraient largué des bombes fumigènes et des gaz lacrymogènes sans discernement sur les manifestant·e·s. Les autorités ont reconnu avoir utilisé bombes fumigènes et gaz lacrymogènes.

Selon certaines informations, des drones auraient largué des bombes fumigènes et des gaz lacrymogènes sans discernement sur les manifestant·e·s

De multiples vidéos filmées à Noukous sont apparues sur les réseaux sociaux, montrant des personnes grièvement blessées et ce qui ressemble à du sang dans les rues. Il n’est pas non plus possible de vérifier ces vidéos de manière indépendante, notamment en raison des restrictions d’accès à la ville.

Le 2 juillet, le président Chavkat Mirzioïev a accepté de retirer la réforme constitutionnelle.

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