Des milliers de demandeurs d’asile se retrouvent bloqués au Mexique, menacés d’expulsion vers leur pays d’origine où ils risquent leur vie. Une gestion des frontières catastrophiques résultant de politiques illégales.
Le danger qui pèse sur les familles désespérées attendant patiemment leur tour pour demander l’asile à la frontière est une situation d’urgence que le gouvernement américain a lui-même générée.
L’utilisation de gaz lacrymogènes en présence de familles, d’enfants et de parents, est consternante et marque un nouveau cap pour cette administration dans son mépris pour la dignité et les droits fondamentaux de la personne humaine.
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Une situation qui ne peut que s’aggraver
Les conditions ne peuvent que s’aggraver dans le cadre de l’accord qui a été conclu entre les deux pays et qui, s’il est mis en place, contraindra les demandeurs d’asile à rester au Mexique en attendant que leur demande soit traitée, au lieu de leur permettre d’entrer aux États-Unis.
Le gouvernement du président Donald Trump ne fait toujours pas preuve de compassion à l’égard de ces personnes contraintes de fuir leur foyer. Surtout, il n’enregistre toujours pas leurs demandes d’asile. Au lieu de cela, le gouvernement fait le choix de militariser la frontière et de diffuser la peur et la discrimination.
Depuis avril 2018, voire avant, les autorités américaines et mexicaines somment de manière illégale les demandeurs d’asile d’inscrire leur nom sur une liste d’attente quasi-officielle côté Tijuana au point d’entrée de San Ysidro, au lieu de les autoriser à solliciter l’asile directement à la frontière.
Cette liste est gérée conjointement par les demandeurs d’asile eux-mêmes et les autorités mexicaines, pour répondre aux limites fixées par les États-Unis quant au nombre de demandeurs d’asile qu’ils recevront chaque jour. Ceux qui n’ont pas de papiers d’identité ne sont pas autorisés à s’inscrire sur cette liste d’attente et s’ils ratent le jour où leur numéro est appelé, ils risquent de perdre complètement leur place.
En refoulant les demandeurs d’asile aux points d’entrée, les autorités américaines bafouent leur droit de chercher asile face à la persécution et ont généré une situation d’urgence le long de la frontière.
La queue côté mexicain fait courir aux demandeurs d’asile le risque d’être placés en détention et expulsés par les services mexicains de l’immigration, mais aussi d’être exploités par des bandes criminelles.
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Faire le « sale boulot » des Etats-Unis
Les autorités mexicaines ne peuvent pas légalement empêcher des citoyens de sortir du pays et de demander l’asile à la frontière américaine.
Pourtant, des sources multiples au sein du gouvernement mexicain confirme que des responsables des services mexicains de l’immigration s’emparent de la liste d’attente chaque soir et s’entendent avec les garde-frontières américains sur le nombre de demandeurs d’asile qui seront reçus chaque jour.
Des informations émanant de responsables mexicains qui ont préféré garder l’anonymat mettent en doute la soi-disant incapacité des autorités américaines à recevoir davantage de personnes et témoignent de la pression que le gouvernement américain exerce sur son homologue mexicain pour limiter l’entrée des demandeurs d’asile.
Selon des agents mexicains et des demandeurs d’asile au point de passage frontalier de San Ysidro, des agents du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP) enregistraient il y a peu entre 30 et 70 demandes d’asile par jour. Le 16 novembre, le directeur du CBP au point d’entrée de San Ysidro a déclaré au Washington Post que son personnel pouvait traiter entre 90 et 100 demandes par jour, à condition que le Service de contrôle de l’immigration et des douanes (ICE) des États-Unis prenne en charge dans les 72 heures les demandeurs d’asile dont les demandes ont été traitées.
De leur côté, les gouvernements du Mexique et d’Amérique centrale ne prennent toujours pas des mesures urgentes pour garantir la sécurité et le bien-être de toutes ces personnes qui ont pris la route et veiller à ce qu’elles ne subissent pas de nouvelles violations des droits humains.
Si le Mexique accepte de faire le « sale boulot » du gouvernement américain, au détriment de la dignité et des droits humains des membres de la caravane, c’est comme s’il payait le mur de la honte voulu par Donald Trump à la frontière.
Ni enfermement, ni séparation !
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