Le géant pétrolier est accusé d’être complice de graves violations des droits humains commises par le gouvernement nigérian dans les années 1990 contre le peuple ogoni. Un tribunal doit prendre connaissance le 12 février des premiers éléments de cette affaire. Enfin !
Esther Kiobel, Victoria Bera, Blessing Eawo et Charity Levula, quatre femmes ogonis, intentent un procès à Shell. Elles accusent la multinationale d’avoir tenu un rôle dans l’arrestation, la détention et l’exécution illégales de leurs époux par l’armée nigériane, à la suite d’une opération de répression brutale envers des manifestants ogonis contre la pollution dévastatrice causée par Shell dans la région.
Shell se démène depuis des années pour que cette affaire ne soit pas entendue par un tribunal. Ils ont les ressources nécessaires pour se battre contre moi, au lieu d’aider à ce que justice soit rendue pour mon mari.
Esther Kiobel
Plus de vingt ans après
Ce sera la première fois, dans ce combat pour la justice qui dure depuis plus de vingt ans, qu’Esther Kiobel et les autres demanderesses auront la possibilité de livrer leur récit devant la justice.
Ces femmes pensent que leurs époux seraient toujours vivants si Shell n’avait pas fait preuve d’un tel égoïsme. Un égoïsme qui a encouragé la répression sanglante du gouvernement contre les manifestants, alors même que l’entreprise en connaissait le coût humain.
Malgré l’existence de nombreux documents secrets constituant des éléments à charge contre Shell, cette société parvient à se soustraire à la justice depuis des années et n’a jusqu’à présent jamais eu à répondre de ces accusations devant la justice.
C’est un moment crucial qui s’annonce, en particulier pour toutes les personnes qui ont souffert de l’avidité et de l’irresponsabilité de multinationales dans le monde.
Notre enquête : Shell complice d'homicide ?
Preuves à l’appui
Nous avons recueilli des informations sur le rôle de Shell dans des homicides, des viols et des tortures perpétrés par le gouvernement nigérian dans le cadre de manœuvres visant à écraser la protestation.
Barinem Kiobel, Baribor Bera, Nordu Eawo et Paul Levula ont été pendus en 1995 après un simulacre de procès.
Des activistes en Inde proteste pour commémorer la mort du militant écologiste nigérian Ken Saro-wiwa.
Leurs veuves demandent désormais une indemnisation et des excuses publiques de la part de Shell. Cinq autres hommes, dont Ken Saro-Wiwa, chef de file des manifestations, ont été exécutés à leurs côtés. Ces hommes sont désormais collectivement connus comme les « neuf Ogonis ».
Faire un procès à une puissante multinationale pour les torts qu’elle a causés dans un autre pays est un processus très long.
Esther Kiobel a intenté un premier procès à Shell en 2002 à New York mais, en 2013, la Cour suprême a statué que les États-Unis n’étaient pas compétents en l’espèce. Cela signifie que la justice américaine n’a jamais examiné le fond des allégations contre Shell.
Les demanderesses réclament également que le tribunal ordonne à Shell de livrer plus de 100 000 documents internes essentiels au dossier. Les avocats de Shell ont refusé de le faire, bien que ces documents aient été soumis à titre de preuve dans le cadre de la procédure américaine.
Il est temps de mettre fin à l’impunité de Shell, qui dure depuis des décennies.
Je me battrai jusqu’à mon dernier souffle.
Esther Kiobel
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