Mahmoud Hussein produit des émissions d’information au sein du réseau Al Jazeera. Il est maintenu en détention arbitraire dans le cadre d’une enquête sur des accusations fabriquées de toutes pièces, simplement pour avoir fait son travail de journaliste
Mahmoud Hussein est un ressortissant égyptien.
Le 20 décembre 2016, alors qu’il rentrait au Caire pour des vacances, il a subi un interrogatoire d’une durée de quatre heures à l’aéroport et s’est vu confisquer son passeport.
Deux jours plus tard, un membre de l’Agence de sécurité nationale lui a dit de se présenter dans les locaux de l’Agence s’il souhaitait récupérer son passeport.
Son crime ? être journaliste
Lorsqu’il s’est rendu sur place le 23 décembre, il a été arrêté et conduit par des membres des forces de sécurité le soir-même à son domicile. Les fonctionnaires ont mis à sac l’appartement avant de ramener Mahmoud Hussein en détention.
Le Bureau du procureur de la sûreté de l'État a ordonné son incarcération le 23 décembre pour « publication de fausses informations », « avoir reçu des fonds étrangers » et « appartenance à une organisation interdite ».
Il nie toutes les charges retenues contre lui. Il est sanctionné uniquement pour avoir fait son travail de journaliste, et que son maintien en détention est donc arbitraire. Le ministère public reconduit régulièrement son placement en détention ; la dernière fois remonte au 14 décembre 2017, pour une période de 45 jours.
Le ministère égyptien de l’Intérieur a indiqué dans une déclaration datant du 25 décembre 2016 que Mahmoud Hussein était accusé d’« incitation contre les institutions de l’État et diffusion de fausses informations dans le but de semer le chaos ».
Les autorités ont affirmé qu’il travaillait avec Al Jazeera dans le but de produire de « faux documentaires » sur les institutions du pays.
Comme tous les journalistes emprisonnés simplement pour avoir fait leur travail, nous appelons à sa libération.
Détenu dans d’horribles conditions
Ce n’est qu’au bout de deux mois après son arrestation que la famille de Mahmoud Hussein a pu le revoir, en février 2017.
Il a expliqué qu’il se trouvait à l’isolement dans une cellule sans ventilation, si ce n’est une petite trappe dans la porte pouvant uniquement être ouverte ou fermée par les gardiens depuis l’extérieur.
Quand il s’est accidentellement cassé le bras en juin, les autorités carcérales ont refusé de le transférer dans un hôpital.
La cellule était dépourvue de toilettes et d’installations sanitaires, et il a déclaré que la puanteur était telle qu’il souffrait d’essoufflement.
Loin d’être un cas isolé
Mahmoud Hussein fait partie d’une quinzaine de journalistes égyptiens incarcérés sur la base d’accusations forgées de toutes pièces.
Figurent également parmi eux Mahmoud Abu Zeid, aussi connu sous le nom de Shawkan, photojournaliste, Ismail al Iskandrani, journaliste et chercheur, et Hisham Gaafar, journaliste.
Ces trois hommes sont maintenus en détention provisoire de manière prolongée. La santé de Shawkan s’est dégradée en détention. Hisham Gaafar souffre d'une atrophie du nerf optique des deux yeux et d'une hypertrophie de la prostate.
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Selon l'Association pour la liberté de pensée et d'expression, les autorités égyptiennes ont bloqué l’accès à au moins 465 sites Internet depuis le 24 mai 2017, dont 97 sites d'information et d’organisations de défense des droits humains, notamment RSF. L’Égypte occupe la 161e place - sur 180 pays - du Classement mondial de la liberté de la presse de RSF pour l’année 2017.
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