Dans son édito paru dans le dernier numéro du magazine La Chronique d'Amnesty International, Cécile Coudriou, présidente de la section française, revient sur cette année si particulière, et formule ses vœux pour 2021.
Comment envisager cette nouvelle année après l’annus horriblis que fut 2020 pour l’humanité tout entière ? La pandémie fait encore rage et continue d’avoir des répercussions terribles sur les droits humains partout dans le monde. L’heure n’est donc pas à l’optimisme béat, mais encore moins à la résignation ! La crise que nous traversons doit nous amener à comprendre à quel point nous sommes tous liés les uns aux autres dans un même combat et combien l’engagement au sein d’Amnesty International sera vital en 2021.
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Sur tous les terrains, notre mouvement fait entendre sa voix pour rappeler que le respect des droits humains doit être au cœur des réponses à la Covid-19. Nos chercheurs ont documenté des dérives autoritaires liées aux mesures sanitaires dans 60 pays, tels qu’en Afrique du Sud, en Iran et au Salvador. Ils ont aussi enquêté sur la situation des professionnels de santé dont la vie et les droits devraient être protégés ; or plus de 7 000 d’entre eux sont décédés dans le monde, en 2020, après avoir été contaminés par le coronavirus. Forts de ces enquêtes, nous nous sommes mobilisés pour demander des comptes aux décideurs. Nous les avons aussi interpellés sur la maltraitance des personnes migrantes et réfugiées, le risque de contamination dans les prisons, sans oublier les enjeux de surveillance et la persécution des lanceurs d’alerte. En 2021, nous poursuivrons notre plaidoyer pour plus de justice et d’équité dans l’accès aux vaccins. Nous allons également défendre les droits des travailleurs précaires, que la pandémie a fragilisés plus encore. Et parce que l’urgence sanitaire ne doit pas faire oublier les autres urgences, nous allons exiger le respect des engagements pris pour lutter contre le dérèglement climatique.
Cette situation mondiale inédite démontre de manière éclatante que les droits humains sont universels, interdépendants et indivisibles.
Cette situation mondiale inédite démontre de manière éclatante que les droits humains sont universels, interdépendants et indivisibles. Que les enjeux de santé sont indissociables de ceux de justice et d’équité, eux-mêmes intimement liés aux libertés fondamentales qui permettent de défendre nos droits. Nous avons tous pu ressentir au plus profond de nous-mêmes le besoin de préserver ces droits et notre dignité, et pour citer la Déclaration universelle des droits de l’homme, d’être « libéré de la peur et de la misère ». Faisons de cette prise de conscience une force.
Pour 2021, je forme le vœu que notre mouvement, qui vient de passer le cap des 10 millions de membres et de sympathisants, puisse faire entendre comme jamais l’ardente obligation d’une réponse plus juste et solidaire à cette crise. Malgré l’immensité des défis qui nous attendent, ayons à cœur de faire de cette nouvelle année, qui est aussi le 60ème anniversaire de notre mouvement et le 50ème d’Amnesty International France, une année phare, l’année des droits humains.