Exécutions extrajudiciaires, détentions arbitraires, morts et blessés à la suite d’une utilisation excessive de la force par le gouvernement. Les Vénézuéliens font face à une répression implacable.
Comme nous le dénonçons depuis des années, une politique systématique de répression des dissidents ou des personnes perçues comme telles pour avoir simplement manifesté est menée au Venezuela. La communauté internationale ne peut pas tourner le dos aux victimes de cette crise sans précédent. Ces crimes doivent être punis.
Véritable stratégie de répression
Les crimes de droit international et les atteintes aux droits humains commis en janvier ont été menés à bien de manière cohérente dans presque tout le pays, avec une solide coordination entre les différentes forces de sécurité opérant tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle des États.
Ces violences n’ont pas été menées au hasard ni de manière isolée, et s’inscrivaient au contraire dans le cadre d’une attaque préalablement planifiée et organisée par les forces de sécurité contre des personnes identifiées ou perçues comme dissidentes.
Les autorités, jusqu’au plus haut niveau de hiérarchie, y compris Nicolás Maduro, étaient au fait de ces agissements publics et avérés, et n’ont pris aucune des mesures nécessaires pour les empêcher ou pour ouvrir des enquêtes à ce sujet.
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Activation de la compétence universelle
Compte tenu de la gravité des attaques de janvier, du nombre de victimes qu’elles ont fait, , il est possible que des crimes contre l’humanité aient été commis au Venezuela, ce qui doit être déterminé par une instance de justice indépendante et impartiale.
Nous recommandons la création d’une commission d’enquête par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU lors de sa prochaine session en juin et juillet 2019 et l’activation de la compétence universelle.
La grave détérioration des conditions de vie et les atteintes systématiques aux droits économiques, sociaux et culturels continuent de toucher la majorité de la population au Venezuela, et ont forcé plus de 3,7 millions de personnes à fuir le pays. Au moins trois millions de personnes se trouvent dans d’autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes, et nombre d’entre elles ont besoin d’une protection internationale.
Tant qu’il n’existera pas de voie claire vers la vérité, la justice et les réparations, le Venezuela restera enlisé dans cette grave crise des droits humains et cette répression que nous observons depuis longtemps. Les faits qui se sont déroulés au début de l’année 2019 et fin avril 2019 en sont la preuve.
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La répression en chiffre
Du 21 au 25 janvier, au moins 47 personnes sont mortes dans le cadre des manifestations, toutes abattues par des tirs d’armes à feu. Au moins 33 de ces personnes sont mortes aux mains d’agents des forces de l’État, et six ont été tuées par d’autres acteurs agissant avec l’aval des autorités pendant les manifestations. Onze des personnes ayant perdu la vie ont été exécutées de manière extrajudiciaire.
Au cours de ces cinq jours, plus de 900 personnes ont été arrêtées arbitrairement dans presque tous les États du pays. Environ 770 de ces personnes, parmi lesquelles des enfants et des adolescents, ont été arrêtées le 23 janvier, date à laquelle des manifestations ont été organisées au Venezuela.
Au moins 8 000 exécutions extrajudiciaires ont été commises par les forces de sécurité entre 2015 et 2017, dont huit ont fait l’objet d’un examen approfondi et ont révélé des pratiques similaires d’attaques contre de jeunes hommes en situation de pauvreté. Toutes ces informations ont permis d’établir la nature systématique et généralisée des événements de janvier 2019 contre la population civile.
Justice pour les victimes au Venezuela !
En seulement cinq jours de janvier 2019, au moins 41 personnes sont mortes en marge des manifestations, toutes ont été tuées par balles.