Au cours de nos recherches sur les violences sexuelles infligées par les forces de l’ordre, les autorités mexicaines nous ont empêchées d’accéder à des informations cruciales.
Le ministère de l’Intérieur a ainsi interdit aux délégués de l’organisation de rencontrer certaines détenues ou encore de se rendre dans les prisons. Des représentants de l’armée et de la marine ont en outre refusé de rencontrer notre délégation.
Une détermination du gouvernement pour étouffer les affaires
Sur les milliers de plaintes pour torture déposées depuis 1991, seules 15 ont abouti à des condamnations pénales. En dépit de cette abondance de plainte, l’armée nous a simplement informé par écrit qu’aucun soldat n’a été suspendu pour viol ou violences sexuelles entre 2010 et 2015.
La Marine a indiqué que seuls quatre marins ont été suspendus. L’un d’eux, déclaré coupable d’abus sexuels et emprisonné, n’a été suspendu que provisoirement. La détermination du Mexique à étouffer cette crise nationale défie tout entendement. Au lieu d’essayer de dissimuler ces milliers de plaintes et autant de mauvais traitements, il faudrait d’abord que les autorités fassent le nécessaire pour que la torture soit éradiquée. Les responsables de ces exactions doivent être traduits en justice et les victimes doivent recevoir réparation.
La nouvelle équipe gouvernementale déjà en sommeil ?
Une équipe spéciale travaillant au niveau fédéral sur la « torture sexuelle des femmes » a récemment été établie au sein du ministère de l’Intérieur. Cette équipe regroupe les autorités fédérales en charge de la prévention et des enquêtes relatives à la torture. Au cours des neuf mois qui se sont écoulés depuis sa création, elle est cependant restée en sommeil et aucune avancée n’a été observée dans les trois cas qui lui ont été soumis.
La commission nationale des droits de l'homme à la traîne
Si la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), l’organe chargé par la Constitution mexicaine de jouer le rôle de médiateur pour la protection et la promotion des droits fondamentaux, a émis des dizaines de recommandations sur la torture et les autres formes de mauvais traitements ces dernières années, leur nombre est toutefois insignifiant comparé à celui des plaintes qu’elle reçoit.
Entre 2010 et 2015, la CNDH a reçu 7 048 plaintes pour torture et autres mauvais traitements, et n’a émis que 62 recommandations. Par ailleurs, elle omet souvent de fournir aux victimes des copies de leur dossier ou de les informer des avancées des enquêtes.