Alors que la justice groenlandaise a décidé du maintien en détention provisoire de Paul Watson jusqu’à la mi-novembre, nous rappelons son droit à un procès équitable, et l’impérieuse nécessité de veiller à ce que les éléments de preuve reflètent correctement les accusations et les procédures d'extradition. Le droit international et la préservation des droits humains sont, et resteront toujours, notre mission première.
En vertu du droit international relatif aux droits humains, nul ne peut être détenu sans motif légitime et toute personne accusée d'un crime a droit à un procès équitable, rapide et conforme aux normes internationales.
Paul Watson a droit à la présomption d'innocence, à une représentation juridique, à l'assistance d'un interprète compétent, à la contestation de sa détention, à un procès équitable dans un délai raisonnable et devant un tribunal indépendant et impartial.
Au Japon, le débat autour de l’industrie baleinière est hautement politisé et controversé. Si Paul Watson est extradé, il risque jusqu’à 15 ans de prison.
L’arrestation de Paul Watson au Groenland
Paul Watson a été arrêté par la police en juillet 2024 alors que son navire accostait à Nuuk, la capitale du Groenland, en territoire danois autonome.
Son arrestation a eu lieu alors que son équipage cherchait à se ravitailler en carburant. Il était en route vers le passage du Nord-Ouest, dans le cadre d'une campagne visant à intercepter le Kangei Maru, le navire-mère baleinier de 113 mètres de long récemment construit par le Japon.
Les autorités du Groenland ont agi sur la base d'un mandat d’arrêt international lancé par le Japon en 2012. Les charges envers lui concernent des faits qui remontent au 11 février 2010. Les autorités japonaises l'accusent d'avoir endommagé un navire baleinier japonais, d'avoir entravé les activités du navire et d'avoir blessé un membre d'équipage lors d'une altercation dans les eaux de l'Antarctique.
Depuis son arrestation le 21 juillet 2024 au Groenland, il est en attente d’une éventuelle extradition vers le Japon où il risque jusqu’à 15 ans de prison. Le 4 octobre 2024, Paul Watson a demandé l’asile politique en France. Une pétition demandant sa libération a recueilli près de 200 000 signatures.
Paul Watson est un militant écologiste canadien. Ancien cofondateur de Greenpeace, il a fondé l’ONG Sea Shepherd et dirige aujourd'hui la fondation Captain Paul Watson, dédiée à la préservation et à la protection de la vie marine et de ses habitats. Il mène depuis des années un combat pour la protection des cétacés dont de nombreuses espèces sont menacées d’extinction.
Depuis 1986, le braconnage des baleines est illégal grâce au moratoire de la Commission baleinière internationale bannissant le commerce de baleine. Malgré ce moratoire international, le Japon a poursuivi la chasse des baleines sous couvert de recherches scientifiques, ce qui a été condamné par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans un arrêt en 2014. Leur braconnage par le pays nippon s’est intensifié depuis 2019, date à laquelle le Japon s’est retiré de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine et de son organe de décision. Le pays a depuis lors repris la chasse à la baleine à des fins commerciales, au mépris du droit international.
Notre mobilisation pour les personnes en danger
La défense des personnes dont les droits sont bafoués est au cœur de notre mission depuis la création d’Amnesty International en 1961. Notre organisation mène des recherches systématiques et impartiales sur des cas individuels et des pratiques bien établies d’atteintes aux droits humains. Les résultats de ces recherches sont rendus publics, avec exactitude, ce qui peut parfois prendre du temps.
Amnesty International concentre le plus souvent ses efforts sur des personnes non défendues par des campagnes d’autres associations et organisations, afin que l’injustice dont elles sont victimes ne soit pas oubliée. C’est ainsi que nous avons récemment mis en lumière la situation de la nation autochtone des Wet’suwet’en, la situation de la militante iranienne Sharifeh Mohammadi, condamnée à mort dans son pays, ou encore la situation de l’avocate tunisienne Sonia Dahmani, emprisonnée pour ses critiques envers les autorités.
Outre son travail sur des atteintes spécifiques aux droits humains, Amnesty International demande instamment à tous les gouvernements de respecter la primauté du droit, ainsi que de ratifier et d’appliquer les textes relatifs aux droits humains.