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URGENCE PROCHE ORIENT

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Ukraine

trois ans de guerre à hauteur d'enfants

Le 28 mars 2024, à Lyman (région du Donbass, est de l’Ukraine). Un jeune garçon, qui a revêtu la tenue d’un soldat ukrainien, pose après une distribution alimentaire organisée par des volontaires. Le front se situe à une dizaine de kilomètres.

Trois ans après le début de l'invasion russe en Ukraine, les enfants continuent de subir de plein fouet les conséquences dévastatrices du conflit. Malgré les épreuves qu'ils traversent, le photographe Rafael Yaghobzadeh, qui couvre cette guerre depuis son premier jour, a su capturer à la fois la fragilité et la résilience des jeunes Ukrainien·nes.

Depuis le 24 février 2022, les plus jeunes ukrainiens n’échappent pas aux souffrances et aux traumatismes causés par la guerre. Des milliers d'enfants ont été tués ou blessés, des millions d'autres vivent sous la menace constante des bombardements, ont été déplacés, séparés de leurs familles, ou encore déportés en Russie.

À l'occasion du troisième anniversaire de ce conflit, le photographe Rafael Yaghobzadeh partage souvenirs et photographies d'enfants pris dans la guerre depuis trois ans.

Année 1 (24 février 2022 — 23 février 2023)

Le 26 février 2022, gare centrale de Kyiv (nord de l’Ukraine). Deux jours après le début de l’invasion russe, des milliers d’Ukrainiens cherchent à fuir la capitale. Parmi eux, Théo, 5 ans, accompagné de sa grand-mère. Il dit au revoir à son père, alors que le train est sur le point de partir vers l’ouest de l’Ukraine.

« Je n’aurais jamais imaginé voir un ami devoir évacuer son fils en pleine guerre. Le 24 février, j’étais dans le Donbass, avec le journaliste Stéphane Siohan qui vit en Ukraine. Après les premiers bombardements russes qui ont frappé l’ensemble du pays, nous sommes revenus vers Kyiv, où un couvre-feu avait été décrété. Les rues étaient vides - la ville que nous connaissions n’allait plus être la même. »

Le 22 juin 2022, à Boutcha (25 km au nord-ouest de Kyiv). Deux mois après le retrait de l’armée russe de cette petite ville, Alexandra, 18 mois, joue dans la voiture de son grand-père. C’est l’un des rares vestiges que sa famille a réussi à récupérer après le bombardement de leur maison pendant l’occupation russe en mars 2022.

« Je me suis rendu à Boutcha pour la première fois le 2 mars 2022. La ville était alors à moitié occupée par les forces russes. Deux jours plus tard, les premières exactions contre les civils ont commencé. J’ai rencontré la famille Patkivskyi en mai 2022, soit un mois après le retrait de l’armée russe. Cela fait trois ans maintenant que je documente leur quotidien. »

Année 2 (24 février 2023 – 23 février 2024)

Le 17 avril 2023, dans le centre social et de réhabilitation psychologique pour enfants de Stepanivka, à la périphérie de Kherson (sud de l’Ukraine). Pendant l'occupation russe de la ville, entre février et novembre 2022, le personnel du centre a protégé les enfants en les cachant ou en les plaçant ailleurs pour éviter leur déportation en Russie. Malgré ces efforts, certains ont été transférés de force vers des territoires sous contrôle russe.

« La ville de Kherson a été sous occupation de février à novembre 2022. Je m’y suis rendu dès sa libération par les forces ukrainiennes. L’ambiance était teintée de joie et de peur. Munie de drapeaux ukrainiens, la population célébrait le départ des forces russes tout en redoutant de nouvelles attaques. Les jours suivants ont dévoilé les atrocités commises sous l’occupation : déportations, exactions, tortures… »

659tués
1 747blessés

Source : statistiques Unicef sur le nombre d’enfants tués et blessés entre le 24 février 2022 et novembre 2024 en Ukraine.

Le 12 septembre 2023, à Izioum (région de Kharkiv, est de l’Ukraine). Maksim Dudnik, 8 ans, a été tué lors d'un bombardement à Izioum le 22 mars 2022. Il a d’abord été enterré, comme d’autres victimes des combats, dans un cimetière de guerre à la lisière de la ville. Après le départ des forces russes, sa dépouille a été exhumée pour identification avant d’être inhumée dans l’un des cimetières municipaux.

« La ville d’Izioum a été sous occupation de mars à septembre 2022. Je m’y suis rendu pour la première fois quelques jours après le retrait des forces russes. J’avais notamment couvert l’exhumation des corps dans le cimetière à la périphérie de la ville. Un an plus tard, je suis retourné à Izioum pour documenter la situation post-occupation. Située au nord-est du pays, la région subit toujours les bombardements russes et panse encore ses plaies. »

Année 3 (24 février 2024 - 23 février 2025)

Le 25 mars 2024, une classe d’élèves attend la fin d’une alerte aérienne dans une station de métro du centre de Kyiv, la capitale. Les stations de métro de Kyiv sont accessibles gratuitement en cas d’alerte.

« Depuis le premier jour de l’invasion russe, les Ukrainiens vivent au rythme des sirènes et des alertes aériennes. Dans les rues, de nombreuses inscriptions indiquent les abris à proximité. Cela fait trois ans maintenant que je filme de courtes vidéos pendant les alertes, depuis le balcon de mon hôtel, pendant des funérailles, dans les rues ou dans les marchés. Selon des statistiques gouvernementales, la capitale a connu plus de 1 538 alertes depuis le début de la guerre. Le son des sirènes fait maintenant partie du quotidien des habitants de Kyiv. »

Le 28 mars 2024, à Lyman (région du Donbass, est de l’Ukraine). Un jeune garçon, qui a revêtu la tenue d’un soldat ukrainien, pose après une distribution alimentaire organisée par des volontaires. Le front se situe à une dizaine de kilomètres.

« Il y a dix ans, lorsque la guerre dans le Donbass a commencé, je voyais clairement que l’armée ukrainienne n’était pas du tout équipée ni préparée pour une guerre. Une bonne partie des équipements militaires provenait de dons de la société civile. Au fil des années de guerre,  les équipements soviétiques ont été remplacés par du matériel américain ou européen, l’armée s’est développée et est devenue omniprésente dans la société et dans le quotidien de la population, tous âges confondus. Ces derniers mois, plusieurs amis ukrainiens de mon âge ont rejoint l’armée. »

 

À l’occasion du troisième anniversaire du début de l’invasion totale menée par la Russie, nous demandons justice, responsabilisation et réparations, ainsi qu’une participation significative au processus de paix, pour les civil·e·s ukrainiens enlevés par les services de sécurité russes, les prisonniers de guerre torturés et condamnés illégalement, les enfants menacés pour avoir étudié l’ukrainien en ligne (…) S’il n’est pas immédiatement mis fin à ces violations, et si des garanties solides en matière de justice ne sont pas fixées, un " accord de paix " précipité ne fera que prolonger leurs souffrances et assurer l’impunité des auteurs de violations odieuses des droits humains. 

Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International

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