Le 10 juillet, le Conseil de sécurité de l’ONU décidera du renouvellement de l’aide humanitaire en Syrie. Or, la Russie peut s’y opposer et mettre en danger la vie de millions de personnes.
Presque 10 ans après le début du conflit syrien, le gouvernement syrien, avec l’aide de son allié russe, poursuit sa politique délibérée consistant à terroriser la population civile en vue de reprendre les territoires contrôlés par des groupes d'opposition armés.
Sa dernière offensive dans le gouvernorat d'Idlib et l'ouest du gouvernorat d'Alep a été menée au mépris total des vies civiles et des règles fondamentales du droit international humanitaire – mépris qui caractérise sa stratégie militaire depuis le début. Il en a résulté de nouveaux déplacements massifs de population et une aggravation de la misère.
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L’aide humanitaire plus que jamais indispensable
En l'état actuel des choses, les besoins des personnes déplacées sont immenses, notamment en termes de logement, de nourriture et d'assainissement, sans parler des besoins à plus long terme comme les moyens de subsistance et l'enseignement. Déjà avant la dernière offensive militaire et les déplacements massifs de population, la grande majorité des personnes vivant dans les zones du nord-ouest de la Syrie avaient besoin d'aide humanitaire, et les organisations manquaient cruellement de moyens.
Acculés dans une zone de plus en plus réduite, ces civils continuent de vivre dans des conditions intolérables, les moyens humanitaires déployés restant bien en deçà des besoins. Une aide immédiate et durable est plus nécessaire que jamais.
Le sabotage de l’aide par le gouvernement syrien
Depuis sa création en 2014, le mécanisme d'aide transfrontalière mis en place par l'ONU a joué un rôle essentiel en répondant aux besoins massifs des civils dans la région. Il permet l’acheminement de l’aide à travers la frontière turque, et constitue un lien vital pour des millions de civils syriens.
La Syrie et ses alliés cherchent à mettre fin à ce mécanisme et préféreraient acheminer l’aide via Damas ; il serait alors très difficile pour l’ONU et ses partenaires humanitaires de livrer l’aide en temps voulu et durablement.
Le 10 juillet, la résolution 2504 du Conseil de sécurité des Nations unies arrive à échéance. Cette résolution représente le seul moyen permettant aux Nations unies de continuer d’apporter une aide vitale aux populations installées dans le nord-ouest de la Syrie à travers la frontière turque. Cette résolution est essentielle et elle doit absolument être renouvelée.
L’avenir de millions de civils syriens suspendu au veto russe
Nous craignons fortement que la Russie prévoie d’opposer leur véto à ce renouvellement lors de la prochaine session du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui aurait pour effet de faire empirer une situation humanitaire déjà critique.
Il est irréaliste de vouloir remplacer cette aide transfrontalière par une aide provenant de l'intérieur du pays, qui nécessiterait l'autorisation d'un gouvernement connu pour ses mesures entravant l'aide humanitaire. On ne peut que constater que l'inaction et les mesures au coup par coup de la communauté internationale ont favorisé toutes sortes de violations massives contre les civils depuis le début de la crise en Syrie.
Dépolitiser l’aide humanitaire
La question du renouvellement du mécanisme crucial d'aide humanitaire ne peut continuer d'être ainsi politisée à chaque fois qu'elle fait l'objet d'un vote au Conseil de sécurité de l'ONU. Le Conseil doit faire en sorte que ce mécanisme continue de fonctionner comme prévu à l'origine dans sa résolution 2165.
Les membres du Conseil de sécurité et le secrétaire général de l’ONU doivent prendre fermement position contre l’utilisation du droit de veto lorsqu’une résolution a pour objectif de protéger des civils.
Nous devons faire preuve de solidarité envers la population syrienne. Nous maintenons notre plaidoyer auprès des institutions françaises, russes, et l’ONU pour le maintien de l’acheminement de l’aide humanitaire en Syrie. Vous pouvez agir avec nous en interpellant les autorités russes pour leur demander de voter pour le renouvellement du mécanisme transfrontalier.
L'heure est grave !!!
Interpellez la Russie pour exiger qu'elle ne s'oppose pas au renouvellement de l'aide humanitaire en Syrie le 10 juillet