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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Des manifestants tiennent des pancartes en soutien aux réfugiés syriens lors d'une manifestation contre la récente politique du gouvernement turc en matière de réfugiés à Istanbul © REUTERS/Murad Sezer
Conflits armés et protection des civils

Renvoyés illégalement vers un pays en guerre

La Turquie maquille en retour « volontaire » et « sans danger » les renvois forcés de réfugiés syriens. Une pratique illégale mettant en danger des millions de civils.

La Turquie a passé les mois qui ont précédé son incursion militaire dans le nord-est de la Syrie à expulser des réfugiés vers ce pays déchiré par la guerre. Tout cela, en prévision de la tentative de création d’une soi-disant « zone de sécurité » du côté syrien de la frontière.

Des réfugiés ont témoigné de mauvais traitements de la part de la police turque pour les contraindre à signer des documents. Ces documents attesteraient de leur volonté de retourner en Syrie. La Turquie les a donc contraints à retourner dans une zone de guerre, mettant gravement leur vie en danger.

Lire aussi : En Syrie, des preuves de crimes de guerre

Il faut reconnaître que la Turquie a le mérite d’accueillir plus de 3,6 millions de femmes, d’hommes et d’enfants venus de Syrie depuis plus de huit ans. Cette générosité ne peut pourtant pas être utilisée pour justifier le fait qu’elle bafoue le droit national et international en expulsant des personnes vers une zone de conflit.

Les autorités turques affirment qu’au total 315 000 personnes sont retournées en Syrie de façon totalement volontaire.

Faute de statistiques officielles, il est difficile de donner une estimation du nombre d’expulsions forcées. Mais en se basant sur les nombreux entretiens menés, nous estimons qu’au cours des derniers mois plusieurs centaines de personnes ont probablement subi ce sort.

Des renvois forcés maquillés en retours « volontaires »

Le gouvernement turc affirme que les personnes qui retournent en Syrie le font de façon volontaire, mais nos recherches ont prouvé le contraire. Certains des réfugiés affirment qu’on les a frappés ou menacés de violences pour les contraindre à signer ces documents.

D’autres se sont vu dire qu’ils signaient un formulaire d’enregistrement, qui confirmait qu’ils avaient reçu une couverture dans le centre de rétention, ou d’un formulaire dans lequel ils exprimaient leur souhait de rester en Turquie.

John, un Syrien chrétien, a été expulsé après avoir été intercepté par les garde-côtes turcs alors qu’il tentait de rejoindre la Grèce. Il a déclaré que des agents des services turcs de l’immigration l’avaient menacé.

Si tu demandes un avocat, on te garde pendant six ou sept mois et on te fera du mal.

Des agents des services turcs

Après son arrivée en Syrie, il dit avoir été détenu pendant une semaine à Idlib par Jabhat al Nusra, un groupe islamiste lié à Al Qaïda.

Toute interaction avec la police ou les services de l’immigration turcs risque apparemment de conduire à un placement en détention ou à une expulsion. Par exemple un entretien pour le renouvellement de papiers, ou un contrôle d’identité dans la rue peut être le prétexte d’un renvoi forcé.

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