Les discussions se poursuivent à la seconde conférence des Etats Parties au Traité sur le Commerce des Armes mais elles laissent un goût amer aux membres de la société civile.
Par Léa Antoni, responsable de la Commission armes
Pour cette deuxième journée, les discussions se poursuivent à la Seconde Conférence des Etats Parties au Traité sur le Commerce des Armes et les Membres de la Société Civile comme la délégation d’Amnesty International sont un peu frustrés de voir qu’en dépit d’ avancées les débats pour la mise en œuvre du TCA restent assez superficiels.
Il est facile de se laisser aller au défaitisme lorsqu’on se bat sur un sujet aussi sensible que le commerce des armes. Quel poids avons-nous, militants, société civile, face à ces Etats qui semblent au-dessus de tout ? Comment nous faire entendre face à ces Etats qui ne semblent pas prêts à voir avancer la cause des droits humains dans le monde? La tâche semble considérable mais la société civile est pleine de ressources et de nombreux moyens sont à notre disposition pour transmettre notre message. Pour commencer, lors des débats nous avons eu la possibilité de nous exprimer notamment lorsque la coalition d’ONG Control Arms a pris la parole pour encourager les Etats à plus de transparence lors de la rédaction des rapports, par exemple. Brian Wood, responsable des questions liées au contrôle des armes et aux droits humains au sein d’Amnesty International, a également rappelé aux Etats durant les débats
Le rôle constructif que peut jouer l’organisation pour assurer la mise en œuvre d’un Traité fidèle à son esprit fondateur ».
Brian Wood, responsable des questions liées au contrôle des armes et aux droits humains au sein d’Amnesty International
DANS LES COULOIRS DE LA CONFÉRENCE
Mais l’enjeu des débats se trouve aussi dans les couloirs de la conférence et surtout entre les sessions. Nos représentants approchent ainsi les délégations de pays afin de leur transmettre nos recommandations dans l’espoir que ceux-ci en tiennent compte lors de leur prochaine déclaration. Ça a été le cas lorsque nous avons pu rencontrer la délégation britannique pour leur demander d’intégrer la société civile dans le groupe de travail sur la mise en œuvre du Traité. Notre demande a été prise en considération et ajouté à la déclaration de la Grande-Bretagne. Ainsi, ces rencontres informelles peuvent aboutir à des avancées toujours importantes aussi petites soient-elles.
Ensuite, aux abords de la conférence, de nombreux événements et rencontres sont organisés et sont des occasions supplémentaires de transmettre notre message. Ainsi, nous avons pu assister à la projection du film The Shadow World qui dénonce la corruption et l’hypocrisie du commerce des armes. Un échange avec le réalisateur Andrew Feinstein a suivi la projection et nous a permis d’aborder notre sujet d’une manière plus subjective et ainsi, créer des débats supplémentaires avec les officiels.
Des spécialistes du droit international ainsi que des ONG, ont également organisées des présentations de rapports ou encore des commentaires juridiques du Traité. Ces outils sont proposés aux Etats pour les aider dans mise en œuvre du traité. Il est évident que beaucoup de choses se jouent aux alentours de la conférence et que la société civile à sa place dans ce type d’événement internationaux.
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En parallèle de la conférence, la section d’Amnesty International Suisse a également organisé des événements militants telle qu’une marche des Nations-Unies jusqu’à l’Université Ouvrière de Genève où a eu lieu un débat sur le rôle de la société civile dans le contrôle des armes. Ce débat a permis de mettre en évidence l’enjeu extrêmement important du TCA à savoir : la transparence. En effet, le but du TCA est de prévenir les violations graves des droits humains que peut faciliter un commerce des armes irresponsables or cela ne pourra être possible seulement si tous les acteurs de la société civile comme les ONG ou encore les journalistes peuvent avoir accès facilement aux informations concernant les exportations et importations en armes des Etats. Le travail autour du contrôle des armes ne s’est donc pas terminé avec l’adoption du TCA au contraire. Le vrai travail commence maintenant. Faire en sorte que les Etats appliquent le traité de manière transparente et efficace. La mobilisation de tous les militants sera nécessaire pour faire en sorte que les droits humains dans le monde comptent.
Une délégation de sept membres d'Amnesty International se rendra à la deuxième Conférence des États parties, afin de faire pression sur les questions clés et de recueillir des informations sur le statut des États qui n'ont pas encore ratifié le Traité ou n'y ont pas adhéré. Suivez cette conférence en français sur Twitter en vous abonnant au compte de nos chargés de campagne sur place : @ElluinA et @LeaAntoni