Dans un contexte de crise sanitaire empêchant les activistes de manifester, la Pologne a tenté de faire adopter des lois limitant l’accès à l’avortement et à l’éducation sexuelle.
Alors que la Pologne doit gérer la crise sanitaire liée à la pandémie du COVID-19, le Parlement devait le 16 avril débattre de deux lois draconiennes qui cherchent à interdire l’accès à l’avortement et à criminaliser l’éducation sexuelle. Le premier texte limiterait fortement l’avortement, tandis que le second, à l’initiative d’organisations anti-LGBTI, ferait de l’enseignement ou même de la promotion de l’éducation à la sexualité auprès de personnes âgées de moins de 18 ans une infraction passible d’une peine maximale de trois ans de prison. Les textes de loi ont finalement été transmis à des sous-commissions parlementaires et les dates d’examens n’ont pas encore été annoncées.
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Une régression sans précédent
Le texte prévoit d’abroger l’autorisation d’avorter si le fœtus présente des dommages irréversibles. Les malformations graves ou mortelles du fœtus sont des maladies graves, qui entraînent souvent le risque que le fœtus ne survive pas à l’accouchement ou que l’enfant ne vive pas longtemps après sa naissance. D’après des statistiques officielles, la majorité des avortements en Pologne sont pratiqués pour ces motifs. Par conséquent, si la proposition de loi est adoptée, les répercutions seraient dramatiques sur les droits des femmes et des jeunes filles en Pologne, qui devront se rendre à l’étranger pour interrompre leur grossesse ou mettre leur vie en danger en se faisant avorter dans de mauvaises conditions dans leur pays.
Rejeter ces textes de loi une fois pour toute !
Face à l’interdiction de manifester dans le cadre des mesures mises en place pour lutter contre la propagation du COVID-19, les mouvements de défense des droits des femmes se sont montrés réactifs et créatifs. Le 14 avril, une manifestation virtuelle s’est déroulée sur les réseaux sociaux sous le hashtag #ProtestAtHome. Ainsi, des milliers de militants ont posté des selfies afin d’interpeller les députés polonais sur cette décision cruciale et leur demander de rejeter ces textes de lois régressifs.
Les voix de milliers de personnes qui ont pris part à ces actions créatives cette semaine ont certes été assourdies par leurs masques, mais leur message n’en a pas été moins distinctement délivré. En effet, même en temps de pandémie de COVID-19, le pouvoir de la contestation reste décisif. Lors de l’examen de ces textes le 16 avril, les députés polonais ont finalement décidé de ne pas adopter ces deux projets de loi mais de les transmettre à des sous-commissions pour poursuivre le débat, ce qui dans les faits revient à « geler » leur adoption dans un avenir proche. Les dates d’examen de ces projets de loi par les sous-commissions parlementaires n’ont pas encore été annoncées.
Alors que la législation polonaise en la matière est déjà l’une des plus restrictives d’Europe, ces lois rétrogrades alimenterait la peur et l’ignorance et restreindrait plus fortement encore l’accès à l’avortement pour les femmes. Tenter de faire adopter ces lois d’un autre temps est honteux en toutes circonstances !