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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

 	Sokhina Khatun, a Rohingya woman around 90 years old, stands for a portrait in her shelter in Camp #1 East (Kutupalong Camp), Bangladesh, 19 February 2019.

“I’ve fled [from Myanmar] four times in my life," she told Amnesty International. "The fourth time was in 2017. I came here with only my walking stick [and] this thami (longyi)… There has never been peace for us. We’ve had to flee here frequently. We were under persecution for so long.”

“My number one problem [in the camp] is the latrine. The latrine is down at the bottom [of the hill], it’s very difficult for me to go down there. Sometimes I just go inside [my shelter in a pan]… I’ve been surviving like that.”
Un portrait de Sokhina Khatun, une femme rohingya d'environ 90 ans / Credit : Reza Shahriar Rahman
Personnes réfugiées et migrantes

Covid-19 au Bangladesh : les réfugiés rohingyas âgés en danger

Ce sont près d’un million de réfugiés rohingyas, encore sous le choc du traumatisme vécu au Myanmar, qui doivent affronter l’épidémie. Les Rohingyas âgés se retrouvent en position de vulnérabilité extrême face au virus.

Afin de lutter contre la propagation du Covid-19, une assistance spécifique accrue, l'interdiction des grands rassemblements et des mesures préventives ont été mises en place par le Bangladesh, l’ONU et des partenaires humanitaires dans les camps surpeuplés de Cox’s Bazar, le 23 mars 2020.

Lire notre dossier : Tout savoir sur le Covid-19 et les droits humains

Le manque d’information exacerbe la peur

Face à la pandémie et compte tenu des risques graves auxquels sont confrontées les personnes âgées dans le monde entier, il est important de ne pas négliger les menaces auxquelles sont exposés les réfugiés âgés ainsi que les conséquences dévastatrices qui pourraient en découler.

J’ai très peur, car si le virus arrive au camp, personne ne survivra, car de nombreuses personnes ici vivent dans des endroits très petits

Hotiza, une femme d’environ 85 ans

Bien que quelques familles prodiguent le lavage régulier des mains, la majorité des personnes âgées interrogées par nos équipes ont obtenu des informations via leur voisinage ou des responsables religieux. Un message souvent très limité, qui peut se résumer sous l’impératif suivant : il faut « vivre proprement ».

Si les télécommunications sont rétablies, il est important de garder en tête que les personnes âgées ne disposent bien souvent pas de smartphone et que leur famille ne peut-être le seul canal d’information et d’assistance.

Je ne sais rien du virus, seulement que des gens en parlent avec des haut-parleurs, mais je n’entends pas bien. C’est pourquoi je ne sais rien... Je me demande à chaque fois ce qu’ils disent au micro.

Sayeda, une femme rohingya de plus de 80 ans

Malgré des méthodes audacieuses pour diffuser l’information – des haut-parleurs ont été installés sur des tuk-tuks pour vulgariser des messages en langue rohingya sur le Covid-19 ainsi que les mesures sanitaires de prévention – la plupart des personnes âgées n’entendent pas correctement les messages diffusés.

Mettre fin à l’invisibilité des personnes âgées

En juin 2019, nous avons déjà alerté sur les conséquences du conflit et du déplacement pour les personnes âgées au Myanmar. Le constat était cinglant : la réponse humanitaire ne respectait pas les droits des personnes âgées à la santé, à l’alimentation, à l’eau et à l’assainissement. Dans le cadre de la réponse au Covid-19, les personnes âgées sont une nouvelle fois mises à l’écart alors que toutes les études médicales démontrent qu’elles font partie des populations les plus menacées.

Nous constatons aujourd’hui que les mesures restrictives ordonnées afin de limiter l’épidémie du Covid-19 se traduisent une nouvelle fois pour les personnes âgées par le non accès à la nourriture et aux soins de santé.

Une réponse globale est possible

Nous appelons les autorités et les acteurs humanitaires à adapter leur réponse afin que les personnes âgées puissent bénéficier d’accompagnement et appliquer les mesures de prévention, avoir accès à de l’eau en quantité suffisante et à des installations sanitaires sans que cela ne génère des difficultés supplémentaires lors des déplacements.

Il est primordial de mettre en place des réseaux d’information en s’appuyant sur des bénévoles rohingyas préalablement formés aux gestes barrières, qui pourront ainsi faire du porte-à-porte et apporter les informations requises. La priorité doit être donnée aux informations sanitaires et de protection qui sont essentielles, notamment en ce qui concerne la compréhension des symptômes du Covid-19 et les mesures de prévention.