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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

La police réprime une manifestation étudiante © Inti Ocon/AFP/Getty Images
Justice internationale et impunité

Nicaragua : la répression se durcit

Depuis le 18 avril, le Nicaragua est secoué par une série de manifestations de plus en plus sévèrement réprimées par le président Daniel Ortega. Nous avons enquêté.

Les manifestations contre le gouvernement ont débuté le 18 avril 2018 en réponse aux réformes du système de sécurité sociale, qui prévoyaient d’augmenter les cotisations des employés et des employeurs, tout en réduisant les allocations.

Les autorités ont réagi avec violence, tirant à balles réelles contre les manifestants, dont de jeunes étudiants descendus dans la rue pour exercer leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Le 20 avril, dix manifestants au moins étaient tués au Nicaragua.

Plusieurs personnes étaient blessées et d’autres avaient été arrêtées sans que l’on connaisse le lieu où elles étaient détenues.

Trois mois plus tard, avec le durcissement de la répression, 300 personnes au moins sont mortes, 2 000 autres blessées et beaucoup ont été arrêtées arbitrairement ; de nombreux bâtiments publics et privés ont été incendiés.

Répression meurtrière

Du 2 au 13 mai nos chercheurs sont allés à Managua, Léon, Cuidad Sandino et Esteli pour enquêter sur les violations graves de droits humains.

Dans une récente enquête publiée le 29 mai, nous dénoncions une stratégie de répression avec recours excessif à la force, de probables exécutions extrajudiciaires et des manœuvres pour contrôler les médias. Nous avons aussi dénoncé le recours à des groupes armés progouvernementaux.

Nos informations confirment que, dès le 19 avril, la police a commencé à remplacer les balles en caoutchouc par des balles réelles visant la tête, le cou et la poitrine des manifestants. Au 21 mai, 76 personnes avaient été tuées, 868 blessées et 438 arrêtées.

En lieu de mettre un terme à la répression, le président Daniel Ortega et la vice-présidente Rosario Murillo ont diabolisé les manifestants et nié que certains avaient été tués. Des représentants de l’État avaient refusé aux victimes une aide médicale, notamment en leur refusant l’accès à des hôpitaux publics.

Les autorités avaient également manipulé des preuves et refusé d’ordonner des autopsies, bafouant les droits des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation.

Pour récupérer la dépouille de leur proche, des familles ont été contraintes de s’engager par écrit à ne pas porter plainte. D’autres ont été menacées et harcelées pour les en dissuader.

Notre rapport fait également mention du recours à des groupes armés progouvernementaux, les brigades motorisées de jeunes sandinistes, qui ont eu le feu vert pour attaquer les manifestants, inciter à la violence et répandre la peur parmi la population.

Les autorités avaient également bloqué la diffusion de quatre réseaux qui couvraient les manifestations, une station de radio a été incendiée, plus d’une dizaine de journalistes avaient été dévalisés, menacés ou agressés. Le reporter Angel Gahona a été abattu alors qu’il diffusait en direct de la ville de Bluefields.

Lire aussi : Nicaragua : sanglante répression

Absence de dialogue

À plusieurs reprises, le président Daniel Ortega a prétendu vouloir entamer le dialogue pour sortir de la crise, notamment avec la médiation de la Conférence épiscopale.

À chaque fois cependant, ces initiatives soutenues par les manifestants se sont soldées par un échec. L’hypocrisie du gouvernement a été démontrée à plusieurs reprises de même que son refus de reconnaître les conclusions de différents rapports, dont celui de la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

Depuis le début de la crise, malgré les nombreux appels internationaux au gouvernement de mettre un terme à la violence, nous constatons que la répression étatique et les violences se sont intensifiées ces dernières semaines. Les attaques contre les civils par des agents du gouvernement et des groupes armés progouvernementaux, ainsi que sur les personnes dénonçant les violences, se sont multipliées.

Le nombre de personnes privées illégalement de liberté et les détentions arbitraires aux mains des force de sécurité de l’État, dont des cas qui pourraient être considérés comme des « disparitions forcées », sont également en hausse.

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