Alors que depuis le 17 octobre, les manifestations se succèdent au Liban, les autorités doivent garantir la protection des manifestants pacifiques et veiller à ce qu’ils puissent exercer leur droit à la liberté de réunion.
La semaine dernière, nous avons constaté à plusieurs reprises une utilisation excessive de la force pour disperser les protestataires de la force de la part des militaires. Ils ont également manqué à leur devoir de protéger les manifestants pacifiques contre les violences commises par des membres de groupes non étatiques. Les violences policières et la dispersion violente de rassemblements ne font qu’accroître les tensions et provoquer l’hostilité. Cela pourrait prendre un tournant dangereux alors que les manifestations ont jusqu’à présent été largement pacifiques.
Des barrages routiers légitimes
Le droit dont disposent les manifestants pacifiques de protester sur les routes et de bloquer des axes routiers a systématiquement été protégé par les organes internationaux de défense des droits humains, qui considèrent l’espace urbain comme un lieu où l’on peut légitimement manifester.
Des restrictions ne peuvent être apportées au droit à la liberté de réunion pacifique uniquement lorsque cela est strictement nécessaire, proportionné et prévu par la loi. Par exemple, cela peut être envisagé pour dégager une route d’accès à un hôpital, ou disperser un rassemblement qui a causé de fortes perturbations de façon prolongée, cas dans lesquels cette dispersion répond strictement à la satisfaction d’un besoin social impérieux. Si jusqu’à présent, les forces armées libanaises avaient dégagé les barrages sans débordements, une fois au moins, à Saïda, dans le sud du Liban, l’armée a utilisé la force de façon excessive pour disperser des manifestants pacifiques sans justification.
« Je portais un keffieh [foulard]… Ils l’ont agrippé [et m’ont] traîné sur le sol comme un chien. Ils nous ont frappés avec leurs boucliers en plexiglas. Ils m’ont frappé jusqu’à ce que je perde connaissance »
Mostafa Fayyad, un manifestant hospitalisé en raison de ses blessures.
Des policiers complices de certaines violences
L’armée libanaise a dans une large mesure joué le rôle de tampon entre des manifestants rivaux, à travers le pays. Huit témoins déclarent cependant que dans le sud du pays, à Nabatieh et à Sour, les forces de sécurité n’ont pas protégé des manifestants pacifiques qui étaient attaqués par des partisans du mouvement Amal et du Hezbollah. Cela a eu lieu à plusieurs reprises alors même que certains groupes étaient armés. Selon certains témoins, des membres de la police municipale accompagnaient même parfois les partisans du mouvement Amal et du Hezbollah.
« J’ai vu des membres du Hezbollah. Les agents de la police municipale qui nous ont attaqués étaient eux aussi des membres du Hezbollah. », affirme un témoin. « Nous en connaissons beaucoup parce qu’ils sont des mêmes villages que nous. Ils ont commencé par s’en prendre à l’équipe de reportage d’Al Jadeed TV, et ils ont cassé leur caméra. Ensuite, ils ont commencé à frapper des manifestants avec des bâtons et à traîner des gens dans la rue. »
L’événement n’est pas isolé et des situations similaires auraient été constatées dans d’autres villes du pays, telles que Sour. Nous appelons les autorités à protéger les manifestants pacifiques et à respecter leur droit fondamental à la liberté de réunion
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