Dans un rapport que nous publions aujourd’hui, nous dénonçons les attaques brutales contre les membres de l’opposition et la société civile qui demandent le respect de la Constitution congolaise et les restrictions à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association dans le pays.
Décembre 2016. C’est la date maximale fixée par la Constitution congolaise pour tenir de nouvelles élections présidentielles en RDC. Pourtant, pour des raisons dites techniques, les délais ne seront probablement pas tenus. Pour l’opposition, il s’agit d’une manœuvre du Président Kabila pour se maintenir au pouvoir. En effet, selon la Constitution, Joseph Kabila ne peut pas se présenter pour un troisième mandat mais en mai 2016, la Cour constitutionnelle a jugé qu’il pouvait se maintenir au pouvoir jusqu’à ce qu’un nouveau Président soit élu.
Criminalisation de la société civile
Dans notre rapport, intitulé Démantèlement de la dissidence. Répression de la liberté d'expression sur fond de retard des élections en République démocratique du Congo, nous montrons comment la société civile qui se mobilise pour demander le respect de la Constitution est attaquée. Les défenseurs des droits humains sont dénigrés comme non patriotes travaillant pour des intérêts étrangers. Les mouvements de jeunesse citoyens sont présentés comme étant des groupes insurrectionnels. C’est ainsi que nous nous étions mobilisés pour les membres de la LUCHA, arrêtés pour avoir organisé des actions pacifiques. Si 10 d’entre eux ont été libérés ces derniers mois, plusieurs militants, comme Fred Bauma et Yves Makwambala, risquent toujours d’être poursuivis et encourent la peine de mort.
L’opposition aussi est la cible de la répression du gouvernement. Les responsables politiques ayant quitté la coalition gouvernementale à la suite du désaccord lié au nombre maximal de mandats du Président ont été harcelés et victimes de représailles économiques.
Moise Katumbi, homme d’affaires et personnalité politique de premier plan, a été pris pour cible par les autorités peu après avoir déclaré son intention de se présenter aux prochaines élections. Il a ensuite été accusé d’avoir engagé des mercenaires et vendu une maison ne lui appartenant pas. Sa famille a aussi été menacée. Le ministre de la communication a par ailleurs fermé deux chaines de télévision lui appartenant. Ayant quitté le pays pour raisons médicales, Moise Katumbi a été condamné par contumace à trois ans d’emprisonnement et à une amende d’un montant équivalent à un million de dollars des États-Unis en juin 2016. Ainsi, il ne peut plus se présenter aux élections présidentielles et vit toujours en exil.
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Un manifestant brandit la constitution de la République Démocratique du Congo © Junior D. Kannah/AFP/Getty Images
Restrictions de la liberté d'expression
Les autorités congolaises se servent des institutions publiques pour empêcher les personnes opposées au maintien au pouvoir du président Kabila de s’organiser et de s’exprimer. Ainsi, l’État bafoue les droits aux libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique des personnalités politiques de l’opposition et des militants en faveur de la démocratie tout en expulsant des chercheurs étrangers et en menaçant de fermeture les organisations de défense des droits humains qui recensent ces violations.
A trois endroits, les autorités locales ont interdit toutes les manifestations et même mis fin à des réunions de partis politiques d’opposition qui se tenaient en privé. De nombreuses manifestations de l’opposition ont été déclarées interdites tandis que les sympathisants de la coalition au pouvoir ont pu se rassembler librement, avec l’aide de la police et des autorités locales.
La communauté internationale, notamment les partenaires régionaux de la RDC, doivent encourager les autorités à mettre fin rapidement à la vague de répression, à libérer sans condition tous les prisonniers d’opinion et à abandonner les charges pesant sur eux. En période pré-électorale, la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association doit d’autant plus être respectée.