Ioulia Tsvetkova risquait six ans de prison pour des dessins publiés sur les réseaux sociaux représentant des corps de femmes et des vulves. Grâce à une large mobilisation, l’artiste russe de 29 ans a été acquittée.
« L’acquittement de Ioulia est une immense victoire que je veux crier sur tous les toits ! », déclare sa mère. C’est elle qui nous a annoncé la bonne nouvelle, le 22 novembre. Elle a fait le déplacement de l’Extrême-Orient russe, depuis sa ville de Komsomolsk-sur-l’Amour, jusqu’à Marseille où se tenait un vernissage exposant les œuvres de sa fille. Des militantes et militants qui se sont mobilisées depuis plus de deux ans pour Ioulia sont réunis autour d’elle pour célébrer cette bonne nouvelle.
« Je veux vous remercier pour tout le soutien apporté […], pour toutes les lettres écrites pour nous protéger ma fille et moi. » souligne la mère de Ioulia.
Quand j’ai appris l’acquittement de Ioulia, je sautais partout tellement j’étais heureuse, c’est une immense victoire que je veux crier sur tous les toits. Je remercie toutes les sections d'Amnesty International pour leur soutien. Alors que d'autres organisations ont pu s'éloigner, Amnesty International n'a jamais eu peur, vous avez toujours été présents, toujours attentifs, tout le temps.
Je veux vous remercier pour tout le soutien apporté par les personnes d'Amnesty International pendant ces 3 années, pour toutes les lettres écrites pour nous protéger, ma fille et moi. Vos mots ont été vraiment touchants et très importants pour Ioulia et moi, j'ai un carton tellement grand avec toutes les lettres qu'il doit faire au moins 10 kilos ! J'espère pouvoir organiser un jour une exposition avec toutes les lettres récoltées.
Nous avons toujours travaillé avec toutes les sections d'Amnesty et entretenons toujours des relations avec chacune d'entre elles, mais il se trouve que c'est avec l'équipe française que nous sommes devenus amis, que nous avons communiqué sur divers sujets du monde et que nous sommes devenus presque des âmes sœurs. C'est pourquoi j'étais si impatiente d'assister à l'inauguration et j'ai parcouru des centaines de kilomètres pour vous remercier personnellement et m'incliner..
DES DESSINS JUGÉS « PORNOGRAPHIQUES »
Ioulia Tsvetkova était accusée de « diffusion de matériel pornographique ». Un crime passible de 6 ans de prison en Russie.
À l'origine du procès de Ioulia Tsvetkova, des dessins de corps de femmes et de vulves que l’artiste a regroupé et diffusé sur sa page « Les monologues du vagin » - titre repris de la pièce de théâtre d’Eve Ensler. Sur cette page, on pouvait voir des œuvres de Ioulia et celles d'autres artistes. Toutes montraient diverses représentations abstraites de vulves dessinées, brodées, sculptées... Pour les autorités russes, ces vulves multicolores étaient considérées comme des représentations pornographiques.
Dessins de la série « Une femme n'est pas une poupée ». 👇
Contenus de la page « Les monologues du vagin » 👇
Dessins extraits de la page « Les monologues du vagin », animée par Ioulia Tsvetkova sur les réseaux sociaux. Les images ont été prises du site de campagne Free Yulia Tsvetkova
« UN EXEMPLE RARE DE JUSTICE EN RUSSIE »
La décision du tribunal de confirmer l’acquittement de Ioulia Tsvetkova est d’autant plus réjouissante qu’elle est « un exemple rare de justice dans la Russie actuelle » a souligné Natalia Zviagina, la directrice d’Amnesty International Russie. Le climat en Russie est de plus en plus inquiétant. Les autorités continuent d’étouffer les voix dissidentes, de museler les médias et de harceler la communauté LGBTI.
Le 24 novembre 2022, des députés russes ont approuvé une loi durcissant l’interdiction de la « propagande » LGBTI+. Un texte qui conduira inévitablement à une augmentation des violences et des crimes de haine contre les personnes LGBTI.
L’acquittement de Ioulia est une victoire d’autant plus importante qu’elle survient dans un pays où l’étau ne cesse de se resserrer contre la liberté d’expression. Cette victoire nous montre l’importance et la force de la mobilisation. Et cette victoire en amènera d’autres, car avec vous, nous continuerons de nous mobiliser pour les personnes dont les droits sont bafoués.
Une artiste russe jetée en prison pour avoir critiqué la guerre en Ukraine
Alexandra Skotchilenko est emprisonnée en Russie pour avoir critiqué la guerre en Ukraine.
Ioulia Tsvetkova et Alexandra Skotchilenko sont de la même génération, du même pays et partagent la même passion pour l’art. Elles connaissent la même parodie de justice des autorités russes.
Comme pour Ioulia, mobilisons-nous pour soutenir Alexandra et obtenir sa libération !