En Iran, Golrokh Ebrahimi Iraee, défenseure des droits humains et écrivaine iranienne, condamnée à six ans d'emprisonnement pour avoir écrit une fiction sur la pratique de la lapidation, a été à nouveau arrêtée.
Golrokh Ebrahimi Iraee a été ramenée à la prison d'Evin après avoir été appréhendée par des pasdaran (gardiens de la révolution) alors qu'elle était en route vers l'hôpital pour rendre visite à Arash Sadeghi, son mari. Elle bénéficiait depuis le 3 janvier d'une autorisation temporaire de sortie, dans l'attente du réexamen judiciaire par la Cour suprême en Iran de sa peine d'emprisonnement, imposée pour avoir écrit une fiction non-publiée. Le réexamen judiciaire est retardé délibérément par les pasdaran.
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Condamnée avec son mari pour « atteinte aux valeurs sacrées de l’islam »
Golrokh Ebrahimi Iraee, a été arrêtée dimanche 22 janvier pour continuer à purger sa peine de six ans de prison pour plusieurs chefs d’inculpation, dont « atteinte aux valeurs sacrées de l’islam ». Son époux, Arash Sadeghi, purge depuis juin 2016 une peine de 15 ans d'emprisonnement à la prison d'Evin pour avoir mené des activités pacifiques en faveur des droits humains.
Leur demande conjointe de révision judiciaire est actuellement examinée par la Cour suprême iranienne.
Avant son arrestation, Golrokh nous a confié que sa peine, ainsi que celle de 15 ans d'emprisonnement imposée à son mari pour son travail pacifique en faveur des droits humains, avaient été attribuées à la 33e chambre de la Cour suprême pour réexamen, mais que les pasdaran faisaient obstacle au processus en empêchant le transfert des documents de l'affaire depuis le tribunal révolutionnaire de Téhéran.
Golrokh Ebrahimi Iraee a également confié que le procureur adjoint de la prison d'Evin avait admis que des irrégularités avaient eu lieu concernant leur affaire, et qu'il leur avait promis qu'elles seraient traitées.
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Quand l’Iran refuse les soins à son mari
Le fait est que, en plus de faire obstacle à la justice, les pasdaran continuent d'infliger des douleurs et de la souffrance à Arash Sadeghi en lui refusant l'accès aux soins médicaux d'urgence. Arash Sadeghi a mené durant 72 jours une grève de la faim, entre octobre 2016 et janvier 2017, pour protester contre l'emprisonnement de sa femme. Il a mis fin à sa grève de la faim le 3 janvier, suite à un tollé international et après que les autorités ont accordé à Golrokh Ebrahimi Iraee une autorisation temporaire de sortie, en lui promettant que celle-ci serait renouvelée jusqu'à ce que son affaire soit réexaminée par la justice. Une promesse qu'ils ont désormais brisée.
Au cours des dernières semaines, il a été conduit presque quotidiennement à la clinique de la prison en raison d'hémorragie interne, d'essoufflement et de forte toux. Les médecins disent qu'il souffre d'une grave infection pulmonaire, de problèmes gastro-intestinaux et d'insuffisance rénale et qu'il a besoin d'une longue hospitalisation afin de recevoir des soins médicaux adaptés.
Malgré ces mises en garde, les autorités ont refusé de le transférer vers un hôpital. Avant son arrestation dimanche 22 janvier, le ministère public avait déclaré à Golrokh Ebrahimi Iraee que les pasdaran feraient obstacle au transfert d'Arash Sadeghi vers un hôpital tant qu'elle ne serait pas retournée en prison.
L’inquiétant sort des prisonniers politiques en Iran
La nouvelle arrestation de Golrokh Ebrahimi Iraee et l'ingérence des pasdaran dans le processus judiciaire ne sont que le dernier épisode inquiétant du traitement arbitraire et injuste de ce couple de militants par les autorités.
Dans un rapport intitulé Health taken hostage: Cruel denial of medical care in Iran’s prisons et publié en juillet 2016, notre organisation a rassemblé des informations qui montrent que les autorités – et en particulier le Bureau du procureur, les autorités carcérales et les agents des renseignements – refusent délibérément et de manière systématique aux prisonniers politiques l'accès aux soins médicaux dont ils ont besoin, dans de nombreux cas par cruauté, dans le but de les intimider et de les punir, ou de leur extorquer des « aveux » ou des déclarations de « repentir ».