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Égypte. Des prisonniers punis pour avoir protesté contre leur détention dans des conditions cruelles

Les autorités égyptiennes doivent cesser les représailles exercées envers des personnes détenues à la prison du Dixième jour de ramadan à la suite de leur grève de la faim pour protester contre leur détention arbitraire et pour demander la fin de leurs conditions de détention cruelles et inhumaines, a déclaré Amnesty International jeudi 6 mars.

Au début du mois de janvier, un certain nombre de personnes détenues à la prison du Dixième jour de ramadan ont entamé une grève de la faim pour exiger la libération de personnes maintenues en détention provisoire depuis plus de six mois, le droit de faire de l’exercice en plein air, le plein respect de leurs droits en matière de visites et l’éviction de l’officier de l’Agence de sécurité nationale à la tête de cette prison, qu’ils accusent de violences. À la suite de cette grève de la faim, les autorités ont transféré au moins trois personnes incarcérées sur place vers d’autres prisons connues pour leurs conditions de détention très dures, après avoir confisqué leurs effets personnels pour les punir.

« Au lieu de remédier aux conditions de détention épouvantables de la prison du Dixième jour de ramadan, les autorités tentent de faire taire les prisonniers qui protestent contre celles-ci en les punissant. Même lorsque les prisonniers sont détenus dans des prisons modernes construites récemment comme la prison du Dixième jour de ramadan, ils continuent de subir des violations des droits humains de la part des autorités pénitentiaires, qui agissent sans être véritablement contrôlées et sans avoir à rendre de comptes, a déclaré Mahmoud Shalaby, chercheur sur l’Égypte à Amnesty International.

“Au lieu de remédier aux conditions de détention épouvantables de la prison du Dixième jour de ramadan, les autorités tentent de faire taire les prisonniers qui protestent contre celles-ci en les punissant” – Mahmoud Shalaby, chercheur sur l’Égypte à Amnesty International

« Les autorités égyptiennes doivent veiller à ce que les conditions de détention respectent les principes d’humanité ainsi que le droit international et les normes connexes, notamment les Règles Mandela. Elles doivent répondre aux demandes exprimées de longue date par Amnesty International et des défenseur·e·s des droits humains égyptiens, en autorisant des observateurs indépendants égyptiens et internationaux à accéder sans restriction et sans préavis aux lieux de détention et à contrôler les conditions de détention dans le pays. »

Deux femmes membres de familles de personnes qui ont été transférées ont indiqué à Amnesty International que les autorités avaient envoyé ces dernières dans des prisons situées à des centaines de kilomètres de leurs proches. Le transfert dans des prisons reculées, surnommé taghriba (« exil intérieur »), est une mesure couramment utilisée par les autorités pour punir des prisonniers et rendre les visites encore plus coûteuses et contraignantes pour leurs familles.

« Quand on l’a escorté hors de sa cellule à la prison du Dixième jour de ramadan, il a pensé qu’on l’emmenait enfin à l’hôpital pour une intervention chirurgicale qu’il attendait depuis longtemps. En réalité, on le transférait vers une autre prison », a raconté l’une de ces femmes à Amnesty International. Selon elle, son proche a été puni uniquement pour avoir tenté d’envoyer une lettre à un parti politique dont il est membre, dans laquelle il lui demandait d’intervenir en faveur de sa libération.

L’un des prisonniers a entamé une grève de la faim le 29 janvier pour protester contre son transfert. Son avocat a indiqué à Amnesty International qu’à son arrivée dans la nouvelle prison, il avait été placé dans une cellule surpeuplée où les détenus étaient forcés à se relayer pour dormir. Le 18 février, les autorités ne l’ont pas amené à son audience de renouvellement de sa détention provisoire, mais les juges ont tout de même prolongé celle-ci, en son absence, sans fournir de justification. Le 1er mars, son épouse a annoncé sur Facebook qu’il avait cessé sa grève de la faim et restait hospitalisé à l’infirmerie de la prison.

Conditions de détention cruelles

Trois avocat·e·s et trois proches de personnes détenues à la prison du Dixième jour de ramadan ont déclaré à Amnesty International que tous les détenus de leur aile étaient totalement privés de lumière du jour car ils n’étaient pas autorisés à faire de l’exercice en plein air quotidiennement, comme l’exige l’Ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des détenus (Règles Mandela). Nada Mougeeth, l’épouse du dessinateur de presse détenu arbitrairement Ashraf Omar, a expliqué qu’il n’avait pas vu le soleil depuis sept mois. Selon elle et les proches de deux prisonniers transférés, les détenus sont enfermés dans leur cellule 23 heures sur 24. Ils n’ont droit qu’à une heure maximum d’exercice dans un couloir à l’intérieur du bâtiment où ils sont incarcérés.

Selon les statuts internes relatifs aux prisons en vigueur en Égypte, les personnes détenues provisoirement ont droit à deux heures d’exercice quotidien en dehors de leur cellule.

Le 3 février, l’économiste Abdel Khalek Farouq, également détenu à la prison du Dixième jour de ramadan pour des raisons politiques, a fait savoir à des procureurs que, après s’être plaint à des responsables de la prison de ne pas être autorisé à s’exercer à la lumière du jour, il avait été déplacé, en même temps que deux autres personnes, dans une autre cellule située dans une aile isolée et vide, selon un membre de sa famille. Il a également indiqué qu’un agent pénitentiaire avait menacé de le transférer à la prison de Sohâg, à environ 500 kilomètres du Caire – où vit sa famille.

Nada Mougeeth et les deux autres proches de personnes détenues à la prison du Dixième jour de ramadan ont déclaré à Amnesty International que les visites familiales y étaient limitées à seulement 20 ou 30 minutes une fois par mois, sauf en cas de visite exceptionnelle. Cette règle est contraire aux statuts relatifs aux prisons, qui prévoient des visites d’une heure chaque semaine pour les personnes détenues provisoirement et deux fois par mois pour les prisonniers condamnés. Certains détenus sont totalement privés de visites familiales. Ainsi, Anas al Belgaty, qui est détenu arbitrairement depuis 11 ans uniquement en raison de ses liens familiaux, n’a reçu aucune visite depuis son transfert à la prison du Dixième jour de ramadan, en juin 2023.

Les trois femmes proches de prisonniers ont par ailleurs affirmé être fréquemment soumises à des fouilles corporelles intrusives par des gardiennes de la prison. Elles ont raconté que les gardiennes les fouillaient deux fois avant qu’elles entrent dans la salle de visite, y compris en passant les mains sous leurs vêtements et en touchant leur soutien-gorge.

Elles ont en outre signalé que le personnel de la prison inspectait la nourriture apportée par les familles à mains nues, sans aucune précaution d’hygiène. La nourriture qu’apportent les familles est la principale source d’alimentation des personnes détenues en raison de la mauvaise qualité ou des portions insuffisantes des repas fournis par la prison.

Complément d’information

La prison du Dixième jour de ramadan a ouvert en 2023 dans le cadre d’une campagne de communication du gouvernement, qui la vantait comme une avancée vers l’amélioration des conditions de détention.

Le 12 janvier, l’Initiative égyptienne pour les droits de la personne (EIPR) a publié une déclaration sur la dégradation des conditions de détention dans cette prison. En réponse, le parquet a ouvert une enquête le 19 janvier contre Hossam Bahgat, éminent défenseur des droits humains et directeur exécutif de l’EIPR, pour « diffusion de fausses nouvelles » et « aide et financement en faveur d’un groupe terroriste ».

À la suite d’un travail de recherche effectué dans 16 prisons en Égypte, Amnesty International avait déjà établi en 2021 que les autorités pénitentiaires égyptiennes soumettaient des personnes incarcérées pour délit d’opinion et pour des motifs politiques, par leurs conditions de détention, à la torture et à d’autres traitements ou sanctions cruels, inhumains ou dégradants et qu’elles les privaient délibérément de soins médicaux pour les punir de leur dissidence.

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