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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Suramay Farias, 47 ans, est vénézuélienne. Elle pose avec sa fille Franchesca, 8 ans, le 16 juin 2019, au centre de services frontaliers équatorien-péruvien. © Carlos Garcia Rawlins / REUTERS
Personnes réfugiées et migrantes

À Trinité-et-Tobago, les Vénézuéliens stigmatisés et chassés du pays

165 ressortissants vénézuéliens réfugiés à Trinité-et-Tobago viennent d’être expulsés, tandis que les autorités favorisent un discours xénophobe associant les personnes qui fuient le Venezuela au virus du Covid-19.

Stigmatisés, discriminés, expulsés... Alors que des millions de Vénézuéliens ont été contraints de fuir leur pays secoué par une crise sans précédent, l’Etat de Trinité-et-Tobago continuent de bafouer les droits de celles et ceux qui ont cherché refuge sur ses îles. 165 ressortissants vénézuéliens viennent d’être renvoyés vers leur pays, où ils risquent d’être torturés ou soumis à d’autres formes de violations des droits humains.

Malheureusement, ce n’est pas la première fois que les autorités de Trinité-et-Tobago recourent à des expulsions massives, en violation totale du droit international et du principe de non-refoulement. Et elles n’hésitent pas non plus à véhiculer des messages ouvertement xénophobes et discriminant à leur encontre. A plusieurs reprises ces dernières semaines, elles ont notamment associé les réfugiés vénézuéliens au virus du Covid-19, risquant d’aggraver la stigmatisation et la discrimination dont font l’objet des personnes qui ont besoin d’une protection internationale.

Des millions de Vénézuéliens fuient une crise des droits humains sans précédent dans leur pays. Ils ont besoin d'une planche de salut, et non d’être renvoyés dans un pays où ils risquent d'être torturés

Erika Guevara-Rosas, notre directrice du programme Amériques

Un discours xénophobe insupportable

Lors d’une conférence de presse, le 25 juillet, le ministre de la Sécurité nationale de Trinité-et-Tobago déclarait que les « immigrants illégaux », les « boat people » et les trafiquants qui les exploitaient, représentaient un risque pour la santé et avait annoncé la création d’une ligne téléphonique spéciale pour les dénoncer. Il menaçait également d’expulser les Vénézuéliens déjà enregistrés et s’étant vu accorder le droit de résider et de travailler légalement dans le pays, et de poursuive au pénal les propriétaires louant des logements à des migrants en situation irrégulière.

Le 27 juillet, la police de Trinité-et-Tobago faisait quant à elle circuler sur Facebook des tracts indiquant que l’« immigration illégale » risquait de causer une « nouvelle vague de Covid-19 », et appelait les gens à signaler les « activités suspectes ».

Des vénézuéliens poussés à la clandestinité

Ce type de discours xénophobe déployé par les autorités de Trinité-et-Tobago est particulièrement dangereux. Non seulement parce qu’il participe à stigmatiser la population vénézuélienne et favorise sa discrimination au sein de la société, mais aussi parce qu’il risque de pousser les vénézuéliens de Trinité-et-Tobago à se réfugier dans la clandestinité, se cacher, et se tenir à distance des services de santé qui pourraient protéger l’ensemble de la population.

Aujourd'hui plus que jamais, des États comme Trinité-et-Tobago doivent garantir les droits des demandeurs d'asile et des réfugiés, notamment des Vénézuéliens en nombre croissant qui ont grand besoin d'une protection internationale. S'en abstenir reviendrait à ignorer l'engagement du pays envers la protection des droits fondamentaux.

Erika Guevara-Rosas, notre directrice du programme Amériques

Au lieu d’utiliser la législation pénale pour sanctionner des personnes qui ont été contraintes de quitter leur pays et de tout laisser derrière elles, les autorités devraient travailler avec les ONG, les agences de l’ONU et les dizaines de milliers de Vénézuéliens qui se sont installés à Trinité-et-Tobago ces dernières années afin de trouver des solutions.

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