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URGENCE PROCHE ORIENT

Exigez avec nous la protection sans condition des populations civiles

Des demandeurs d'asile devant le drapeau des Etats-Unis © REUTERS/Carlos Barria
Personnes réfugiées et migrantes

« Il y a un an, l’Amérique m’a pris mon fils de sept ans. »

Valquiria, une femme brésilienne, est aujourd'hui détenue à El Paso après avoir sollicité une protection à la frontière américano-mexicaine. Elle est également séparée de son fils Abel. Voici son témoignage.

Le gouvernement de Donald Trump affirme qu’il a mis fin à sa politique de séparation des familles en quête de protection et qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour réunir celles qui sont encore séparées. J’aimerais croire que c’est vrai, mais il m’est difficile de garder espoir.

Il y a un an, le Département de la sécurité du territoire des États-Unis m’a volé mon fils de sept ans et m’a enfermée dans un centre pour migrants au Texas. Je n’ai pas de mots pour décrire le moment où nous serons de nouveau réunis.

Je n’ai commis aucun crime.

J’ai fui le Brésil avec mon fils après avoir reçu des menaces de mort répétées de la part de trafiquants de drogue, qui collaboraient quotidiennement avec la police locale. Ils ont dit qu’ils nous tueraient quel que soit l’endroit où je me réfugierais au Brésil, et qu’ils se montreraient « impitoyables » si je demandais l’aide de la police.

Nous sommes venus aux États-Unis pour solliciter une protection contre les persécutions subies dans notre pays natal. Nous avons respecté la loi américaine et avons demandé l’asile à un poste-frontière officiel à El Paso, au Texas.

Signer la pétition : ni enferment, ni séparation pour les demandeurs d'asile

Nous sommes restés ensemble une nuit ; le lendemain, ils l’ont emmené. Je les ai suppliés de ne pas nous séparer.

Ils m’ont répondu : « Vous n’avez aucun droit ici et vous n’avez aucun droit de rester avec votre fils. »

Je m’efforçais de ne pas pleurer et j’ai demandé à mon fils d’être fort alors qu’il leur demandait en larmes de rester avec moi. Il était terrifié à l’idée qu’ils allaient lui faire du mal ou me faire du mal. Il m’a supplié de ne pas les laisser l’emmener, mais j’étais impuissante, tout ce que je pouvais faire c’était prier Dieu pour qu’il prenne soin de lui. Je ne savais même pas où ils le conduisaient.

J’ai cru mourir à cet instant. Ils m’ont arraché le cœur, c’était la fin de mon monde. Ne pas savoir où était mon fils, c’est le pire sentiment que puisse connaître une mère. Comment est-ce possible qu’une mère n’ait pas le droit d’être avec son fils ?

Des gardes-frontières m’ont dit que mon fils allait être conduit dans un centre pendant un ou deux jours. Lorsque je suis arrivée ici, j’ai vu que c’était une prison. J’ai été détenue pendant 15 jours avant de pouvoir enfin lui parler.

Aujourd’hui, il est en sécurité avec mon époux à Boston, mais notre famille n’est toujours pas réunie alors que je n’ai commis aucun crime.

Tout comme nous, des milliers de familles ont été séparées par le gouvernement américain, avant d’être oubliées et d’attendre en vain une décision de justice pour retrouver leurs proches. Ici, au centre de traitement d’El Paso, j’ai rencontré de nombreuses mères comme moi, séparées de leurs enfants après avoir demandé une protection. Mon avocat m’assure que les tribunaux pourraient nous réunir, mais je demeure bloquée ici en détention.

J’ai manqué son huitième anniversaire en novembre. Lorsque je lui ai parlé, il m’a demandé quand j’allais revenir.

Il ne comprend toujours pas pourquoi je ne suis pas là-bas et pense que je l’ai abandonné. Mon époux me dit qu’il garde les yeux rivés sur la porte, espérant me voir rentrer. Je ne peux pas me permettre de l’appeler plus d’une fois par semaine, car téléphoner coûte un dollar par minute – la somme que je gagne chaque jour en nettoyant cette prison. À chacune de nos conversations, je revis le traumatisme de notre séparation.

J’utilise mon seul prénom en raison des menaces qui pèsent sur moi au Brésil et au cas où, en dépit de ces menaces, je sois contrainte d’y retourner.

Malgré les horreurs que nous avons connues chez nous, je me demande ce qui est le plus intolérable : fuir les persécutions là-bas ou rechercher la sécurité aux États-Unis. C’est un choix cruel et inutile imposé à des personnes qui souhaitent simplement vivre en sécurité et n’ont commis aucun crime.

Si le gouvernement américain est réellement déterminé à mettre fin à cette politique, alors qu’il me permette de retrouver mon fils pendant la procédure d’asile. Nous ne représentons aucun danger.

Le seul danger est celui auquel je serai confrontée si je suis renvoyée de force au Brésil sans ma famille.

Agir

Ni enfermement, ni séparation !

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