Du 18 au 21 octobre se tenait le week-end des Antennes Jeunes d’Amnesty International. Près de 130 jeunes de 16 à 25 ans se sont donnés rendez-vous à Paris pour se former, échanger, débattre et agir avec nous. Rencontre avec cette jeunesse qui a crié haut et fort son refus d’être « désenchantée », jusqu’au parvis des droits de l’Homme, à Paris.
« On est plus chauds, plus chauds que le climat ! », c’est avec ces mots devenus le mantra de la jeunesse dans son combat pour l’environnement que 130 de nos militant·es ont investis le parvis des droits de l’Homme, ce dimanche 20 octobre 2024 à Paris. Venus de nos antennes jeunes aux quatre coins de l’hexagone, ces jeunes militant·es se sont réuni.es pour débattre des enjeux liés aux droits humains dans le monde et réfléchir à de nouveaux moyens d’action à mettre en place pour les défendre.
Action de nos militant·es sur le parvis des droits de l'Homme à Paris, © photos de Benjamin Girette
Chaque année en France, plus des milliers de jeunes militant.es issus de nos 200 antennes jeunes, se mobilisent dans les universités et les lycées. Sur leurs lieux d’études, dans l’espace public, en ligne, par courrier, ces jeunes âgés de 16 à 25 ans, sont sur tous les fronts. Lorna, 18 ans, avait 12 ans quand elle a rejoint le mouvement : « J’ai rejoint Amnesty International pour me battre dans le concret. On se bat pour la vie de quelqu’un à l’autre bout du monde, mais cette personne est en réalité plus proche de nous qu’on pourrait le penser. Ça prouve qu’avec des actions concrètes on obtient des résultats. Le slogan ‘on se bat ensemble, on gagne ensemble’ : c’est clairement ce qui me pousse à militer ici ! »
Les Antennes jeunes ou « AJ » pour les intimes sont des groupes de jeunes, qui ont entre 16 et 25 ans et un objectif commun: se battre ensemble pour le respect des droits humains. Ces personnes se réunissent régulièrement pour agir ensemble.
Elles organisent notamment :
➡ Des projections de films
➡ Des conférences
➡ Des flashmob
➡ Des événements pendant lesquels elles font signer des pétitions et connaître nos combats
De l’indignation à l’action
Jacob a hésité des années avant de se jeter à l’eau : « Depuis que j’ai 12 ans, j’ai envie de rentrer chez Amnesty. Un jour, j’en ai eu marre de me plaindre sans rien faire. A 23 ans, je me suis dit qu’il fallait bien commencer par quelque chose, et je me suis engagé. »
Célia, 19 ans, a rejoint l’antenne jeune de Toulouse en janvier 2024 : « Ce qui m'a donné envie de m'engager à Amnesty, c'était de rencontrer des nouvelles personnes qui partagent ces valeurs communes et de sortir du cadre des associations scolaires. »
« J’ai toujours eu une colère en moi depuis toute petite, je ne supporte pas les inégalités et l’injustice et je suis féministe depuis un certain nombre d’année maintenant ce qui me pousse chaque jour à m’engager un peu plus pour les droits des femmes et les droits humains plus largement. » ajoute Camille, 20 ans, membre de l’antenne jeune de l’UPEC à Créteil.
© Benjamin Girette
L’indignation de trop, le refus de se résigner, l’envie que sa voix compte, qu’elle soit entendue, de changer la vie d’autres personnes, de faire changer des lois… Les raisons qui poussent ces jeunes à passer à l’action sont diverses. « Mon déclic, ça a été sur l’abolition universelle de la peine de mort, explique Lorna. J’ai rencontré Antoinette Chahine, ancienne condamnée à mort au Liban : son témoignage m’a profondément touché et marqué. Elle m’a transmis son combat. Je le poursuis aujourd’hui. » Du haut de ses 16 ans, Adela s’engage quant à elle avec passion pour la cause des minorités musulmanes et notamment les Ouïghours persécutés en Chine : « Imaginer qu’on puisse stériliser des femmes pour la seule raison qu’elles sont musulmanes, ça me révolte.»
Au cœur de nos vies
Qu'il s'agisse des conséquences dévastatrices des réseaux sociaux, pouvant mener les jeunes au suicide, ou de l'utilisation parfois disproportionnée d'armes à létalité réduite par les forces de l'ordre lors de manifestations, nos jeunes militant·es ont débattu de nombreux sujets cruciaux qui touchent la vie quotidienne à travers le prisme des droits humains.
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Mais c’est parfois des sujets plus éloignés de leur quotidien qui les ont interpellés.
« L’atelier qui m’a le plus marquée ce week-end s’appelait "travailleur.euses du sexe (TDS) entre stigmatisation et négation des droits". C'était un atelier participatif, on a pu donner notre avis et surtout questionner le système actuel, qui va à l'encontre des droits humains et qui met en difficultés et même en danger les TDS. Ces quelques jours avec les autres antennes jeunes ont été très intense. Grâce à Amnesty, j’ai l’impression de faire partie d’une communauté et c’est toujours extrêmement enrichissant de rencontrer d’autres militants, on se sent moins seule.s ! ». » confie Camille, 20 ans
Des jeunes militant.es lors d’un des ateliers du WEAJ 2024 © Benjamin Girette
Droit au but
A 19 ans, Louise va droit au but. Cette fan de foot a été choquée quand elle a découvert la campagne menée par Amnesty International sur le Qatar : « J’ai été tellement déçue de cet univers dans lequel j’ai grandi. J’étais dégoûtée. » Aujourd’hui, elle a pris la tête de l’antenne jeunes de son école à St Germain et essaye de sensibiliser son entourage : « On essaye de monter des actions avec le BDS, le bureau des sports. Lors des premières réunions, ils étaient plutôt réticents, ils craignaient qu’on appelle au boycott. Finalement, on a réussi à se mettre d’accord pour organiser une action conjointe. C'est la preuve qu'on peut amener au débat, à réfléchir et expliquer. »
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Paulet, représentant du lycée Pierre Gilles-de-Gennes, 16 ans, a grandi dans un milieu militant : « J’ai toujours aimé militer, manifester, me documenter, mais ce que j’aime surtout, c’est permettre aux autres d’accéder au militantisme, de les aider à monter les actions qu’ils ont envie de mener et de leur donner l’opportunité de faire entendre leur voix. »
Pour Liz, il est plutôt question de vécu. Pour elle, les ressorts de l'engagement sont à chercher dans nos failles et cicatrices intimes : « On s’est tous retrouvé un jour un peu démuni face à une injustice qui nous touchait directement ou indirectement. On s’est dit « c’est trop tard ou je ne peux rien faire » et on a subi. Ça laisse des traces. Des violences sexistes et sexuelles ? J’ai pu en vivre et je trouve ça révoltant qu’on laisse passer ça. Alors j’agis. Au lycée, avec mon antenne jeunes, on va faire une conférence de sensibilisation pour les classes de premières. On va expliquer comment se prémunir des violences sexistes et sexuelles, mais surtout rappeler que ça peut arriver à tout le monde, et qu’on ne doit pas s’en cacher : ce n’est pas une honte, il faut que ça change. »
Lorna, avec ses huit années de militantisme au compteur, avoue avoir milité sur toutes les campagnes : « Je considère que dès qu’on touche à quelqu’un à l’autre bout du monde, c’est comme si on touchait à un frère ou une sœur. C’est ce que j’appelle l’humanité solidaire… »
© Benjamin Girette
« C’est à nous de hausser le ton »
Mais avoir moins de 25 ans n’est-il pas un frein pour se faire entendre sur des sujets aussi sérieux et parfois complexes ? « Peu importe l’âge, ce qui compte, c’est le degré de connaissance, assure Adela, la voix douce mais déterminée. On peut penser "t’es jeune, tu ne connais rien à la vie, tu n’as aucune expérience". Mais si on arrive devant quelqu’un qui semble avoir de l’influence et qu’on en sait plus que lui : là on t’écoute. » Liz, 17 ans, acquiesce :
Ce n’est pas une question de vécu et d’années au compteur. Ce sont les connaissances qui priment. Être jeune et militant c’est une force. On parle de notre avenir.
« Et si seul, on ne fait pas le poids, reprend Adela, avec Amnesty, on n’est plus seul : on est un groupe de personnes, et c’est ça qui nous permet d’agir efficacement ».
Demain, jeune ou pas, Lorna n'imagine pas arrêter de militer, consciente que le combat pour les droits humains est celui d'une vie : « Je considère qu’il n’y a aucun droit humain qui est totalement acquis. Simone de Beauvoir disait que les droits des femmes, c’est une lutte perpétuelle, et qu’il suffit qu’il y ait une crise majeure pour que ces droits soient remis en cause – on l’a vu avec le droit à l’avortement aux Etats-Unis est une lutte perpétuelle, et qu’il suffit qu’il y ait une crise majeure pour que ces droits soient remis en cause – on l’a vu avec le droit à l’avortement aux États-Unis, c’est une lutte perpétuelle, et qu’il suffit qu’il y ait une crise majeure pour que ces droits soient remis en cause – on l’a vu avec le droit à l’avortement aux États-Unis. C’est vrai pour tous les droits en général. Et si parfois, on a la chance d’avoir obtenu un droit, comme l’abolition de la peine de mort depuis 1981 en France, il faut continuer à se battre pour que ce soit la même chose partout. Nos combats sont universels. »
« Le droit c’est un bout de papier, conclut Jacob. Si on ne continue pas à le faire vivre, il n’en restera rien. Il faut faire des piqûres de rappel, s’exprimer, dénoncer, manifester, faire pression… Bref, le défendre et le faire vivre. Si tout le monde se mobilise, c’est là qu’on fait changer les choses. C’est à nous de hausser le ton. »
Lors d'un des ateliers du WEAJ (week-end des antennes jeunes) 2024 © Benjamin Girette
En route pour l'action en soutien aux défenseurs de l'environnement, Paris © Benjamin Girette
Session de brainstorming avec les jeunes militant·es au siège d'Amnesty International France © Benjamin Girette
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En route pour l'action en soutien aux défenseurs de l'environnement, Paris © Benjamin Girette
Nos jeunes militant·es lors de l'action en soutien aux défenseur·es de l'environnement. Certains représentaient ces défenseur·es emprisonné·es ou tué·es pour leur combat pacifique et tenaient des pancartes avec leur nom et leur situation. L'autre partie des jeunes les entouraient pour symboliser la répression des États et des entreprises, responsables du harcèlement, de la répression et de la criminalisation de ces personnes. © Benjamin Girette
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Pendant l'action en soutien aux défenseurs de l'environnement, Paris © Benjamin Girette
Nos jeunes militant·es lors de l'action en soutien aux défenseur·es de l'environnement. Certains représentaient ces défenseur·es emprisonné·es ou tué·es pour leur combat pacifique et tenaient des pancartes avec leur nom et leur situation. L'autre partie des jeunes les entouraient pour symboliser la répression des États et des entreprises, responsables du harcèlement, de la répression et de la criminalisation de ces personnes. © Benjamin Girette
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Présentes dans les universités et les lycées, les antennes jeunes (AJ) organisent des projections de films, des conférences, des flashmob, font signer des pétitions et font connaître nos combats autour d’eux. Chez Amnesty International, les jeunes, les idéalistes, les militants, sont accueillis à bras ouverts.