Plus de 1 500 personnes ont été exécutées dans 15 pays à travers le monde en 2024. Alors que le nombre de pays ayant appliqué la peine de mort n’a jamais été aussi bas, le nombre d’exécutions a en même temps atteint son plus haut niveau depuis 2015. Trois pays sont à eux seuls responsables de 91 % des exécutions recensées.
C’est le principal enseignement de notre dernier bilan annuel sur le recours à la peine de mort dans le monde, Condamnations à mort et exécutions 2024 : le nombre d’exécutions ne baisse pas, au contraire : au moins 1 518 personnes ont été exécutées en 2024, ce qui représente une hausse de près de 32 % en un an (au moins 1 153 personnes exécutées en 2023). C’est aussi un chiffre record depuis 2015 (au moins 1 634 personnes tuées cette année-là).

Ces chiffres, en hausse, ne comprennent pas les milliers de personnes très probablement exécutées en Chine, ainsi qu’en Corée du Nord et au Viêt Nam. Ces pays recourent massivement à la peine de mort mais refusent de communiquer le moindre chiffre officiel. Nos équipes n’ont pas non plus été en mesure de vérifier les données pour la Palestine et la Syrie en raison des conflits en cours.
À noter que si aucune exécution n'a été enregistrée au Bangladesh (une première depuis 2018), le sultanat d’Oman a en revanche procédé à ses premières exécutions connues depuis 2021.
Globalement, même si le nombre d’exécutions augmente, le nombre de pays ayant procédé à des exécutions n’a jamais été aussi bas pour la deuxième année consécutive. D’après nos données, 15 pays pratiquent encore la peine de mort dans le monde.

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Si la Chine reste le pays qui exécute le plus de condamnés, en 2024, les États-Unis ne font plus partie des cinq pays qui exécutent le plus au monde, même si la tendance à la hausse persiste depuis la pandémie de Covid-19 et que le nombre d’exécutions (25 dans les neuf États qui ont encore appliqué la peine de mort en 2024) est le plus élevé depuis 2015.
⚠️ À noter que ce chiffre aurait pu être bien plus élevé si le président sortant, Joe Biden, n’avait pas commué 93 % des condamnations à mort fédérales.

❗ Autre fait notable : selon les données officiellement recensées (hors Chine, donc), 9 exécutions sur 10 sont le fait de seulement trois pays : l’Arabie saoudite, l’Irak et l’Iran.

🔺 Les exécutions recensées ont atteint des niveaux alarmants dans ces trois pays, atteignant leur plus haut chiffre depuis 2015 en Iran, et un record absolu en une seule année en Arabie saoudite.
🔺 L’Arabie saoudite, l’Irak et l’Iran ont exécuté à eux seuls un nombre effarant de 1 380 personnes.
🔺 L’Irak a presque quadruplé son total annuel par rapport à l’année précédente (passant d’au moins 16 à au moins 63), et l’Arabie saoudite l’a doublé (de 172 à au moins 345).
🔺 L’Iran a exécuté 119 personnes de plus qu’en 2023 (passant d’au moins 853 à au moins 972) et comptabilise 64 % de l’ensemble des exécutions recensées en 2024. Les procès ayant conduit à ces condamnations ont souvent été entachés d’irrégularités flagrantes, avec des verdicts prononcés par des tribunaux révolutionnaires manquant d’indépendance, influencés par les services de sécurité et s’appuyant sur des « aveux » obtenus sous la torture.
🔺 Au Yémen, le nombre d'exécutions enregistrées a plus que doublé par rapport à 2023.
Instrumentalisation de la peine de mort
🟡 Les dirigeants utilisent la peine de mort sous prétexte d’améliorer la sécurité publique ou pour instiller la peur au sein de la population.
Aux États-Unis, pendant la campagne électorale et peu après son élection, le président Donald Trump a invoqué à plusieurs reprises la peine capitale comme outil pour protéger la population « des violeurs, meurtriers et monstres violents ». Cette rhétorique déshumanisante fait croire à tort que la peine de mort puisse avoir un effet dissuasif spécifique sur la criminalité.
🟡 Le châtiment le plus cruel permet, dans plusieurs pays du Moyen-Orient, de réduire au silence les défenseur·e·s des droits humains, des dissident·e·s, des manifestant·e·s, des opposant·e·s politiques et des minorités ethniques.
🔶 En 2024, l’Iran a persisté dans son recours à la peine de mort pour punir des personnes ayant remis en question le régime de la République islamique pendant le soulèvement « Femme. Vie. Liberté. ». Deux d’entre elles – dont un jeune atteint d’un handicap mental – ont été exécutées en lien avec ce mouvement, à l’issue de procès inéquitables reposant sur des « aveux » arrachés sous la torture, ce qui prouve à quel point les autorités sont déterminées à resserrer leur emprise sur le pouvoir.
🔶 Les autorités saoudiennes ont continué d’utiliser la peine de mort pour museler la dissidence politique et sanctionner des citoyen·ne·s membres de la minorité chiite ayant soutenu les manifestations « antigouvernementales » entre 2011 et 2013. En août, elles ont exécuté Abdulmajeed al-Nimr pour des infractions à caractère terroriste découlant de son appartenance présumée à Al-Qaïda, alors que les pièces de son dossier judiciaire mentionnaient sa participation à des manifestations.
🟡 En complète violation du droit international, la peine de mort continue également d’être utilisée pour des infractions liées aux stupéfiants.
En vertu du droit international relatif aux droits humains et des normes connexes, le recours à la peine de mort doit être limité aux « crimes les plus graves » ; or, les infractions liées au trafic de stupéfiants n’entrent pas dans cette catégorie. Bien que la peine de mort s’avère une solution illégale et inefficace pour lutter contre le trafic de drogue, plus de 40 % des exécutions recensées en 2024 dans le monde ont été menées pour des infractions liées aux stupéfiants. La Chine, l’Iran, l’Arabie saoudite, Singapour et probablement le Viêt Nam (chiffres officiels non disponibles) sont les pays qui recourent le plus aux exécutions pour ces raisons.

Les chiffres recensés et les tendances constatées en 2024 démontrent que la peine de mort reste un outil de contrôle politique et de répression, souvent appliqué dans des conditions cruelles et inhumaines qui violent les droits fondamentaux.
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