La ville de Lille et l’État ont été condamnés, le 6 février, à réparer le préjudice causé par l’expulsion illégale de 15 personnes vivant dans un bidonville.
Cette décision rappelle que les propriétaires de terrains, quels qu’ils soient, ne peuvent porter atteinte au droit de toute personne à la protection de son domicile pour se faire justice.
Un expulsion illégale sans aucune décision de justice
Plusieurs familles en situation de précarité — dont celle qui a porté l’affaire en justice — avaient été expulsées par les polices municipale et nationale, sans qu’aucune décision de justice ne l’ait ordonné, alors qu’elles habitaient ce terrain vide (propriété de la Ville de Lille) depuis trois semaines, faute d’une autre solution de logement digne.
Cette décision sanctionne la pratique, trop fréquente, des expulsions de bidonvilles réalisées sans autorisation de la justice, y compris pendant la trêve hivernale, pratique que les autorités prétendent à tort justifier en prétextant un « flagrant délit ».
Des pratiques récurrentes d’expulsions illégales
Ces dérives s’inscrivent dans une logique récurrente d’expulsions de bidonvilles, qui prive leurs habitants du peu de stabilité qui avait pu s’y instaurer, de leurs biens et du lien avec ceux qui les accompagnent, les renvoyant ainsi à des conditions de vie plus précaires encore.
Plus de 11 300 personnes ont été expulsées de 130 lieux de vie en 2017 d’après l’enquête de la Ligue des Droits de l'Homme et le European Roma Rights Centre.
La seule politique acceptable est de proposer des solutions de logement dignes à ces enfants, ces femmes, ces hommes, dont aucun n’a choisi de vivre dans ces conditions.
C’est la précarité qu’il faut combattre, et non les personnes qui en sont les victimes.
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