Une attaque au chlore a fait 11 victimes dans la ville de Saraqeb le 4 février 2018. Un nouvel exemple dévastateur de l’utilisation par l’État syrien des armes chimiques interdites par le droit international.
La Défense civile syrienne a indiqué que des bombes barils contenant du chlore avaient été larguées par hélicoptère. Les personnes touchées étaient en détresse respiratoire, souffraient de graves irritations de la peau et des yeux, vomissaient et ont perdu connaissance. Parmi les victimes figuraient trois volontaires de la Défense civile syrienne qui s’étaient précipités sur les lieux pour apporter leur aide.
Des représentants d’Amnesty International se sont entretenus avec un volontaire de la Défense civile syrienne. Celui-ci a expliqué être arrivé quelques minutes après qu’une bombe baril, dont le gaz provenait de toute évidence, avait atterri dans un champ, à 50 mètres d’un entrepôt agricole. Il n’y avait, semble-t-il, aucun objectif militaire aux environs du site touché, qui se trouve dans la province d’Idleb (nord-ouest du pays) et à 41 kilomètres de la ligne de front la plus proche.
Nous avons entendu des personnes crier à l’aide sur la route et d’autres sur le toit d’une maison. Environ huit personnes pouvaient à peine respirer et toussaient sans arrêt. Nous leur avons donné de l’oxygène et les avons transférées à l’hôpital.
un volontaire de la Défense civile syrienne
Il rajoute :
En conduisant, j’ai commencé à manquer de souffle, comme si je n’arrivais pas à respirer seul, et mes yeux se sont mis à me démanger. J’avais la nausée, comme si j’allais vomir. Mes amis ressentaient la même chose mais nous n’étions pas certains de ce qui se passait. J’ai vomi en arrivant à l’hôpital.
un volontaire de la Défense civile syrienne
Un deuxième membre de la Défense civile syrienne déployé à Saraqeb nous a signalé qu’il avait vu les victimes transportées vers un poste médical.
« Lorsqu’ils sont arrivés, j’ai remarqué que l’équipe de secours respirait aussi avec difficulté et ils ont perdu connaissance. Les médecins m’ont dit que les symptômes visibles chez ces 11 personnes, y compris les trois volontaires de la Défense civile syrienne, pouvaient découler d’une attaque chimique, probablement au chlore. »
Un deuxième membre de la Défense civile syrienne
Un infirmier du poste médical a confirmé que les victimes souffraient des conséquences d’une attaque chimique.
« Ils n’arrivaient pas à respirer, ils toussaient sans arrêt, ils avaient les yeux rouges et certains vomissaient beaucoup... Heureusement, nous étions une vingtaine de professionnels de la santé ; nous les avons rapidement déshabillés et lavés et leur avons donné de l’oxygène et un bronchodilatateur pour ouvrir les voies respiratoires dans les poumons. »
Un infirmier du poste médical
Les victimes, toutes des hommes, sont aujourd’hui sorties de l’hôpital.
Des attaques de ce type depuis 2012
L’État syrien méprise le droit international en utilisant des armes chimiques illégales. Les attaques visant directement des civils sont totalement interdites et constituent des crimes de guerre.
Lire aussi : avril 2017, attaque chimique en Syrie
Depuis 2012, les forces gouvernementales syriennes sont soupçonnées d’avoir mené, des dizaines d’attaques au chlore et au moyen d’autres armes chimiques contre des secteurs contrôlés par l’opposition, faisant des centaines de morts et des blessés graves.
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