Au Niger, 145 personnes avaient fui la Libye en raison des brutalités qu’elles y subissaient. Elles espéraient y demander l’asile, mais le Niger vient de les renvoyer en Libye.
Le 2 mai, les autorités nigériennes les ont rassemblées, entassées dans des camions, et les ont reconduites à la frontière libyenne.
Laissés au milieu de nulle part
Nous avons pu parler avec un ressortissant soudanais. Il raconte : « Quand nous sommes sortis de la mosquée au crépuscule le 2 mai, la police nous attendait. Ils nous ont tous emmenés au commissariat d'Agadez, où nous avons passé la nuit. […] Nous avons passé quatre nuits en prison […] Ils les ont emmenés en Libye. J'aurais dû me trouver avec eux, mais j'ai réussi à me sauver. » Il est resté en contact avec certaines d'entre elles : «Hier, à trois heures du matin, l'un des expulsés m'a appelé. Ils se trouvent actuellement à la frontière entre la Libye et le Niger. Le secteur est totalement désert et cela fait maintenant cinq jours qu'on les a laissés au milieu de nulle part. »
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Au cours des cinq dernières années, plusieurs milliers de réfugiés et de migrants ont traversé le Niger pour se rendre en Libye et en Algérie. Fin 2017, quelque 2 000 Soudanais sont arrivés à Agadez.
Certains d'entre eux venaient de camps de personnes déplacées au Soudan et de camps de réfugiés au Tchad, et d'autres revenaient de Libye.
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Un précédent dangereux de violation du droit international
Confirmant l’expulsion, les autorités nigériennes ont indiqué qu'elles y avaient procédé parce que ces personnes n'étaient pas « des réfugiés mais d'éventuels membres d'un groupe armé » présent en Libye, et qu'elles représentaient donc une menace pour la sécurité du pays.
En renvoyant ces personnes en Libye contre leur gré, les autorités nigériennes ont violé le principe même de l'asile et de la protection des réfugiés.
lLs migrants et les réfugiés y sont soumis à la torture, à la détention et à l'extorsion. Les autorités doivent permettre à ces personnes de retourner au Niger conformément à leurs obligations, et collaborer avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés afin de trouver pour elles une solution garantissant leur sécurité. La Libye n'est tout simplement pas un pays sûr.
Le renvoi en Libye de personnes qui risquent d'y être torturées constitue alors un dangereux précédent.
Stop à la détention des migrants en Libye
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