La vidéo montrant la décapitation d'un jeune garçon par un groupe d'opposition armé dans le nord de la Syrie montre cette fois encore que certains groupes d'opposition armés commettent en toute impunité de graves atteintes aux droits humains.
Exécution sommaire en toute impunité
La vidéo, qui pourrait avoir été réalisée près d'Alep, montre un homme se tenant à l'arrière d'un camion qui tue un garçon dans des conditions évoquant une exécution.
C'est un nouvel exemple d'homicide sommaire de personnes retenues en captivité, qui constitue un crime de guerre.
Tous les détenus, y compris les combattants capturés, doivent être traités avec humanité, et les enfants doivent tout particulièrement être protégés. Cet homicide est représentatif de tout un ensemble d'atteintes aux droits humains perpétrés dans le nord de la Syrie par des groupes armés qui ont champ libre pour commettre des homicides sommaires, des enlèvements et des actes de torture sans avoir à craindre de devoir rendre des comptes.
Les groupes armés responsables de crimes
Amnesty International n'est pas en mesure de vérifier de façon indépendante les détails de cette affaire, mais dans notre rapport du mois de juillet intitulé ‘Torture was my punishment’: Abductions, torture and summary killings under armed group rule in Aleppo and Idlib nous braquons les projecteurs sur une série d'atteintes aux droits humains commis par des groupes armés dans cette région, notamment par le Mouvement Nour al Dine Zinki, qui serait responsable de cet homicide.
Le rapport expose les cas de personnes qui ont été enlevées et torturées par le Mouvement Nour al Dine Zinki. Il présente également les témoignages de militants utilisant les réseaux sociaux qui ont reçu des menaces verbales et par écrit de la part de ce groupe, après qu'ils l'eurent critiqué.
Le mouvement Nour al Dine Zinki a publié une déclaration condamnant cette décapitation et tenté de s'en dissocier, qualifiant cet acte d'« erreur individuelle », et réaffirmant son engagement à respecter les droits humains.
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Condamner ne suffit pas
Les dirigeants des groupes d'opposition armés doivent non seulement condamner de tels actes mais aussi chasser de leurs rangs tous ceux de leurs membres qui sont soupçonnés d'avoir commis de graves atteintes au droit international humanitaire.
Au niveau international, les États qui participent aux pourparlers sur le conflit en Syrie doivent user de l'influence dont ils disposent pour faire pression sur tous les groupes armés participant au conflit afin qu'ils cessent de commettre des atteintes au droit international humanitaire, notamment des enlèvements, des actes de torture et d'autres mauvais traitements.
Amnesty International a également rassemblé des informations sur des attaques menées sans discrimination qui ont fait des blessés et des morts parmi la population civile dans le quartier Sheikh Maqsoud, dans la ville d’Alep, et qui ont été perpétrées par la coalition Fatah Halab qui rassemble des groupes armés, parmi lesquels figure le Mouvement Nour al Dine Zinki.
Reste que la grande majorité des personnes qui sont mortes en détention au cours des cinq dernières années se trouvaient aux mains des autorités syriennes.