Le 5 août, l’Arabie saoudite a donné l’ordre à l’ambassadeur canadien de quitter le pays dans les 24 heures. Ce dernier s’était prononcé en faveur de la libération de militants des droits humains incarcérés dans le pays.
L’Arabie saoudite a pris des mesures commerciales et diplomatiques sans précédent contre le gouvernement canadien.
Parmi celles-ci figurent un gel de toutes les nouvelles transactions commerciales en matière d’investissement.
Le « tweet » de la discorde
Le ministre saoudien des Affaires étrangères a accusé le Canada d'« ingérence flagrante et manifeste dans les affaires intérieures » du pays.
Ces mesures ont été prises à la suite d'un tweet publié par le ministère canadien des Affaires étrangères, disant :
Nous sommes très préoccupés d'apprendre que Samar Badawi, la sœur de Raif Badawi, a été emprisonnée en Arabie saoudite. Le Canada se tient aux côtés de la famille Badawi en cette période difficile et nous continuons d'appeler fermement à la libération de Raif et de Samar Badawi.
La communauté internationale doit inciter les autorités saoudiennes à mettre fin à cette répression draconienne et cesser de s'en prendre aux militants des droits humains.
Des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou la France, qui peuvent user de leur influence sur l'Arabie saoudite, se taisent depuis trop longtemps. Il faut suivre l’exemple du Canada !
Une répression implacable
Samar Badawi et Nassima al Sada ont été arrêtées en début de semaine dernière. Elles sont toutes deux régulièrement prises pour cibles et harcelées en raison de leurs activités en faveur des droits humains, et font l’objet d’une interdiction de voyager.
Samar Badawi a souvent été harcelée et interrogée par les autorités saoudiennes en raison de ses activités militantes. En 2014, elle a été soumise à une interdiction de voyager et a été arrêtée en 2016. Samar Badawi est la sœur du blogueur Raif Badawi, condamné à 1 000 coups de fouet et 10 ans de prison pour avoir créé un site Internet dédié au débat public.
Nassima al Sada fait campagne en faveur des droits civils et politiques, des droits des femmes et des droits de la minorité chiite dans la province de l'Est, en Arabie saoudite, depuis des années.
Elle s'est présentée aux élections municipales en 2015, mais sa candidature a été rejetée. Elle fait également campagne pour que les femmes aient le droit de conduire et que le système répressif de tutelle masculine soit aboli. Nassima al Sada était visée par une interdiction de voyager avant d’être arrêtée.
Des répercussions sans précédent
En Arabie saoudite, depuis le mois de mai, plusieurs militantes des droits des femmes de renom – notamment Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan et Aziza al Yousef – ont été arrêtées en raison de leur travail pacifique en faveur des droits humains.
Beaucoup sont détenues sans inculpation. Elles pourraient être jugées devant le tribunal antiterroriste et risquent jusqu'à 20 ans de prison pour leur militantisme.
Parmi les personnes récemment détenues figurent également les militantes des droits des femmes Nouf Abdulaziz et Mayaa al Zahrani, et des militants qui avaient déjà été persécutés pour leur travail en faveur des droits humains, comme Mohammed al Bajadi et Khalid al Omeir.
Ce niveau de persécution sans précédent visant des défenseures des droits humains en Arabie saoudite est inquiétant et indique que la répression est loin d'être finie.
La direction prise par l'Arabie saoudite sous le régime du prince héritier Mohammed ben Salman ne laisse aucune place aux défenseurs des droits humains dans le pays.
Exigez la libération des militantes saoudiennes
Liberté pour 3 défenseures des droits humains en Arabie saoudite