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URGENCE PROCHE ORIENT

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©Edmée van Rijn
Liberté d'expression

En Palestine, une nouvelle manifestation pacifique réprimée

Ces dernières années, les forces de sécurité palestiniennes ont recouru à la force de façon injustifiée ou excessive contre des manifestants, sans que ces agissements ne donnent lieu à des poursuites.

Des preuves photographiques et des témoignages recueillis sur place par nos chercheurs montrent le recours à une force excessive pour réprimer violemment une manifestation pacifique devant le tribunal de district de Ramallah, en Cisjordanie, le 12 mars 2017.

21 personnes blessées

Entre 100 et 150 personnes s’étaient rassemblées devant le tribunal d'al Bireh pour protester contre les poursuites engagées contre six hommes palestiniens accusés de détention d’armes à feu. Quatre de ces hommes - Haitham Siyaj, Muhammad Harb, Muhammad al Salameen et Saif Idrisi - sont actuellement détenus sans inculpation ni jugement, en détention administrative, par les autorités israéliennes. Le cinquième, Basil al Araj, a été tué par l'armée israélienne la semaine dernière. Le sixième, Ali Dar al Shaikh, n'a pas été arrêté par Israël et était présent au tribunal hier.

Dix minutes après le début de la manifestation, nos chercheurs ont assisté à l'arrivée de membres des forces de sécurité lourdement armés, munis de matraques et de boucliers.

Forces de sécurité palestiniennes tirant des cartouches de gaz lacrymogène sur la foule pour disperser les manifestants devant le tribunal de district de Ramallah ©Amnesty International

Ils ont immédiatement commencé à charger les manifestants : ils les ont frappés violemment avec des matraques en bois, les ont aspergés de gaz poivre et ont tiré des cartouches de gaz lacrymogène dans la foule. Au moins 21 personnes (13 hommes et huit femmes) ont été blessées, dont quatre journalistes qui couvraient l’événement. Dix-sept personnes ont été hospitalisées.

Farid al Atrash, avocat, défenseur des droits humains et dirigeant du bureau de Bethléem de la Commission indépendante des droits humains, un organisme palestinien, était présent lors de la manifestation. Il explique qu’on l’a battu à coups de matraque en bois jusqu’à ce qu’il tombe par terre. Il a indiqué à Amnesty International qu’il avait également vu des policiers frapper le père de Basil Al Araj, un Palestinien tué par des soldats israéliens la semaine dernière.

Le père de Basil al Araj, un homme palestinien tué par des soldats israéliens la semaine dernière, se trouvait parmi les personnes frappées par les forces de sécurité au cours de la manifestation ©Amnesty International

Aucune violence avant la charge de la police

En vertu des normes internationales relatives aux droits humains, la police et les forces de sécurité doivent éviter de recourir à la force pour disperser un rassemblement pacifique. Nos employés présents sur les lieux n'ont constaté aucune violence de la part des manifestants avant que la police ne les attaque au moyen de matraques, de gaz lacrymogène et de gaz poivre.

Un des manifestants qui a reçu des coups de bâton sur l'épaule et dans le dos attends à l'hôpital public de Ramallah pour recevoir des soins ©Amnesty International

Face à l’indignation générale suscitée par ces événements, le Premier ministre Rami Hamdallah a annoncé, le lundi 13 mars, la création d'un comité chargé d'enquêter sur les actes commis par la police devant le tribunal.

Les autorités palestiniennes doivent faire le nécessaire pour que l'enquête annoncée sur ces événements soit indépendante, impartiale et approfondie et que tous les responsables présumés rendent compte de leurs actes.

Une police toujours impunie

Par le passé, dans les rares cas où l’Autorité palestinienne a pris des dispositions en matière de reddition de comptes, elle a fait appel à des mesures disciplinaires et non à des poursuites pénales pour amener la police ou les forces de sécurité à répondre de leurs actes, même lorsque le recours à la force était abusif ou arbitraire.

L’Autorité palestinienne doit veiller à ce que l’utilisation de la force par les forces de sécurité ne soit pas excessive, abusive, arbitraire ou illégale en quelque autre façon que ce soit. Toute personne soupçonnée d'être responsable d'un usage arbitraire ou abusif de la force doit être poursuivie dans le cadre d'un procès équitable.

Compte tenu du piètre bilan de l’Autorité palestinienne en ce qui concerne la traduction en justice de membres des forces de sécurité après la répression violente de manifestations, il est particulièrement important que les autorités fassent clairement savoir que l'usage excessif de la force ne sera pas toléré et que les violations ne resteront pas impunies.

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