Après deux années, l’état d’urgence prend fin le 18 juillet. A priori, cette disposition représente une avancée pour le pays et sa population. Toutefois, nous craignons qu’elle demeure une mesure superficielle.
Depuis deux ans, la Turquie a été radicalement transformée par les mesures d'urgence qui ont servi à renforcer des pouvoirs draconiens, à faire taire les voix critiques et à saper les droits fondamentaux.
Bon nombre resteront en vigueur après la levée de l'état d'urgence.
Une répression implacable
Des centaines de journalistes, de défenseurs des droits humains et de militants, dont le président d’honneur d'Amnesty International Turquie, Taner Kılıç, sont détenus uniquement pour avoir fait leur travail.
Lire notre dossier : Répression des défenseurs en Turquie
Des dizaines de milliers de personnes ont été enfermées par une justice qui pèche par son absence d'indépendance et incarcère des détracteurs réels ou présumés du gouvernement sans preuve qu’ils aient commis des actes pouvant justifier leur emprisonnement.
Des ONG et des journaux ont été fermés et plus de 130 000 fonctionnaires turcs arbitrairement limogés au titre de l’état d’urgence.
Sa seule levée ne suffira pas à inverser cette tendance répressive. Il faut une action systématique afin de rétablir le respect des droits humains, de permettre à la société civile de retrouver son dynamisme et d'alléger le climat de peur étouffant qui s'est abattu sur le pays.
Abonnez-vous à l'Hebdo
Chaque vendredi, recevez par email l'essentiel de l'actualité des droits humains